Alors que la France se prépare pour des élections législatives cruciales, un acteur inattendu entre dans l’arène politique : l’Équipe de France de football. Plusieurs joueurs vedettes des Bleus, dont Ousmane Dembélé et Marcus Thuram, ont pris position publiquement pour appeler les Français à se rendre aux urnes et lutter contre la montée de l’extrême droite.
Ousmane Dembélé sonne l’alarme sur l’abstention
Lors d’une conférence de presse, l’attaquant du FC Barcelone Ousmane Dembélé a tiré la sonnette d’alarme sur la situation politique en France. Citant des statistiques préoccupantes sur l’abstention, en particulier chez les jeunes, il a lancé un appel vibrant à la mobilisation :
Je pense qu’il faut se mobiliser pour aller voter. Les législatives vont arriver, il faut se mobiliser pour aller voter.
– Ousmane Dembélé
Dembélé a révélé que la Fédération Française de Football (FFF) mettait en place un dispositif pour permettre aux joueurs de l’Équipe de France d’établir des procurations afin de pouvoir voter malgré leurs obligations sportives à l’étranger. Un geste fort qui souligne l’importance que les Bleus accordent à ce scrutin.
Marcus Thuram appelle à faire barrage au Rassemblement National
De son côté, l’attaquant de l’Équipe de France Marcus Thuram, fils de l’ancien champion du monde Lilian Thuram, est allé encore plus loin dans son engagement. Sur Twitter, il a partagé un message sans équivoque appelant à “se battre pour que le RN ne passe pas” :
Il faut se battre pour que le RN ne passe pas.
– Marcus Thuram
Cette prise de position ferme contre le parti d’extrême droite de Marine Le Pen a suscité de vives réactions. Si certains saluent le courage du jeune footballeur, d’autres s’interrogent sur la légitimité des sportifs à s’engager aussi ouvertement dans le débat politique.
Un silence assourdissant chez les autres Bleus
Alors que Dembélé et Thuram ont choisi de prendre la parole, leurs coéquipiers en Équipe de France se sont montrés beaucoup plus réservés. Interrogés en conférence de presse, Dayot Upamecano, Kingsley Coman ou encore Ferland Mendy ont botté en touche, préférant se concentrer sur l’aspect sportif :
Je ne suis pas venu pour parler de ça, je préfère parler de football.
– Dayot Upamecano
On a dit entre nous qu’on avait une compétition à préparer. On essaie de garder toute notre concentration sur le football et on ne parle pas trop politique.
– Kingsley Coman
Ce contraste entre l’engagement assumé de certains et la réserve d’autres illustre toute la complexité pour des sportifs de haut niveau de se positionner sur des sujets politiques clivants. Entre devoir de réserve et responsabilité citoyenne, chacun semble naviguer à vue.
Le rôle social et politique des footballeurs en question
Au-delà du cas de l’Équipe de France, la prise de parole de Dembélé et Thuram ravive le débat sur le rôle social et politique que peuvent ou doivent jouer les footballeurs professionnels. Avec leur immense popularité, en particulier auprès des jeunes, ils disposent d’une plateforme unique pour faire passer des messages et influencer l’opinion.
Mais cette influence s’accompagne aussi d’une certaine responsabilité. En appelant au vote ou en condamnant un parti politique, les stars du ballon rond prennent le risque de s’aliéner une partie de leurs supporters. Certains leur reprocheront de sortir de leur rôle, de diviser plutôt que de rassembler.
D’autres au contraire salueront leur courage et leur engagement citoyen. Dans un contexte de défiance envers la classe politique traditionnelle, la parole des sportifs peut apparaître plus authentique et toucher des publics habituellement éloignés des urnes.
Vers une politisation croissante du sport ?
Que l’on approuve ou non les prises de position des Bleus, force est de constater qu’elles s’inscrivent dans une tendance de fond : la politisation croissante du sport. Des footballeurs américains mettant un genou à terre contre les violences policières aux basketteurs de la NBA soutenant le mouvement Black Lives Matter, les exemples ne manquent pas ces dernières années d’athlètes utilisant leur notoriété pour défendre des causes.
En France, le phénomène est encore relativement nouveau et suscite de nombreuses interrogations. Jusqu’où les sportifs peuvent-ils aller dans leur engagement politique ? Ont-ils vocation à devenir des “influenceurs” comme les autres, avec le risque de décrédibiliser leur parole ? Comment concilier performance sportive et militantisme ?
Autant de questions qui animeront sans doute les débats dans les semaines à venir, alors que la France retient son souffle dans l’attente des résultats des élections législatives. Une chose est sûre : quoi qu’il arrive dans les urnes, l’engagement de certains Bleus aura marqué les esprits et ouvert la voie à une réflexion nécessaire sur le rôle politique et social du sport dans notre société.