Un vent de renouveau souffle sur l’équipe de France féminine de football. Vendredi soir, à Nancy, les Bleues ont signé une victoire éclatante (4-0) face à la Suisse, offrant un spectacle qui a ravi les supporters. Ce match, marqué par une discipline tactique remarquable, pourrait bien symboliser le début d’une nouvelle ère pour cette équipe en quête d’identité. Mais au-delà du score, c’est la vision audacieuse du sélectionneur Laurent Bonadei qui retient l’attention, avec des choix forts qui secouent les habitudes.
Un Match Référence pour les Bleues
La rencontre face à la Suisse, disputée au Stade Marcel-Picot, a été une démonstration de maîtrise. Les Bleues, déjà qualifiées pour les demi-finales de la Ligue des nations, ont déroulé un jeu fluide et appliqué. Clara Mateo a ouvert le score dès la 12e minute, suivie par Elisa De Almeida (16e), Sandy Baltimore (19e) et Grace Geyoro (56e). Ce festival offensif, ponctué de gestes techniques et d’une cohésion d’équipe évidente, a marqué les esprits.
Le sélectionneur Laurent Bonadei n’a pas caché sa satisfaction. Selon lui, ce match représente le « plus abouti » en termes de respect des consignes tactiques. « J’ai vu un groupe de joueuses très appliquées, avec un état d’esprit irréprochable », a-t-il déclaré, soulignant l’engagement collectif et la discipline de son effectif.
J’ai vraiment vu un groupe de joueuses qui étaient très appliquées sur ce que je leur ai demandé.
Laurent Bonadei, sélectionneur de l’équipe de France féminine
Ce succès n’est pas un simple coup d’éclat. Depuis sa nomination en août 2024, Bonadei travaille à la construction d’un projet de jeu ambitieux, initié après l’échec des Jeux olympiques. Ce match face à la Suisse illustre les premiers fruits de ce travail de longue haleine, amorcé dès octobre.
Des Choix Forts et Débattu
Le plus grand bouleversement de cette nouvelle ère réside dans les choix de sélection de Bonadei. En décidant d’écarter trois figures emblématiques de l’équipe – Wendie Renard, Eugénie Le Sommer et Kenza Dali – le sélectionneur a pris un risque considérable. Ces joueuses, piliers de l’équipe depuis des années, incarnaient une certaine stabilité. Leur absence a surpris, mais Bonadei assume pleinement sa décision.
« Quand on est sélectionneur, on fait des choix. Ce n’est pas facile », a-t-il reconnu avec sobriété. Loin de se vanter de la victoire, il préfère insister sur la cohérence de sa vision : « Je sais que je suis dans un projet, et j’ai une certaine idée de l’évolution de cette équipe. » Ces mots traduisent une volonté de rupture, un désir de construire une équipe tournée vers l’avenir.
Un sélectionneur audacieux, des joueuses en mission : l’équipe de France féminine entre dans une phase de renouveau. Mais ce pari sera-t-il gagnant sur le long terme ?
Pour beaucoup, cette décision marque un tournant. En se passant de joueuses expérimentées, Bonadei mise sur une nouvelle génération, plus jeune et potentiellement plus malléable à ses idées tactiques. Ce choix, bien que controversé, semble porter ses fruits, comme en témoigne la performance face à la Suisse.
Griedge Mbock, la Nouvelle Capitaine
Avec l’absence de Wendie Renard, c’est Griedge Mbock qui a hérité du brassard de capitaine. À 30 ans, la défenseuse s’est imposée comme une leader naturelle. « Elle a pris son rôle à cœur, elle a parlé dans le vestiaire, sur le terrain, et a amené beaucoup de sérénité », a salué Bonadei. Mbock, elle, préfère rester humble : « J’essaie de rester moi-même, sans me mettre de pression. »
Succéder à Wendie, ce n’est pas facile, mais j’essaie de le faire du mieux possible.
Griedge Mbock, capitaine de l’équipe de France féminine
Prendre la suite de Renard, une figure emblématique du football féminin, n’est pas une mince affaire. Pourtant, Mbock s’appuie sur le soutien de ses coéquipières pour endosser ce rôle avec sérénité. Sa performance sur le terrain, combinée à son leadership, en fait une pièce maîtresse de ce renouveau.
Une Stratégie Tactique en Évolution
Le style de jeu prôné par Bonadei repose sur une discipline tactique stricte, une intensité dans les duels et une fluidité dans les transitions. Face à la Suisse, les Bleues ont parfaitement appliqué ces principes, avec une attaque rapide et des combinaisons bien huilées. Voici les clés de cette réussite :
- Engagement collectif : Les joueuses ont affiché une solidarité défensive et offensive, limitant les espaces pour l’adversaire.
- Rapidité d’exécution : Les buts marqués en première mi-temps témoignent d’une capacité à conclure rapidement les actions.
- Respect des consignes : La discipline tactique a été au cœur de la performance, avec une application stricte des directives de Bonadei.
Ce projet, amorcé il y a seulement quelques mois, commence à prendre forme. Bonadei insiste sur le travail réalisé depuis son arrivée : « C’est depuis octobre, novembre, qu’on travaille sur ce projet de jeu. » Cette victoire est une étape, mais le chemin reste long pour imposer durablement cette nouvelle identité.
Un Contexte de Renouveau pour le Football Féminin
Le football féminin français est à un tournant. Après des années de progression, marquées par des performances solides mais sans titre majeur, l’équipe de France cherche à franchir un cap. Les Jeux olympiques de 2024, marqués par une déception collective, ont servi de catalyseur pour ce changement. Bonadei, en succédant à Hervé Renard, a hérité d’une équipe talentueuse mais en quête de renouveau.
Le choix d’écarter des joueuses historiques s’inscrit dans cette logique. En misant sur des talents émergents, Bonadei veut insuffler une nouvelle dynamique. Mais ce pari n’est pas sans risque. La Ligue des nations, avec ses demi-finales à venir, sera un test crucial pour évaluer la solidité de ce projet.
Joueuse | Rôle | Contribution face à la Suisse |
---|---|---|
Clara Mateo | Attaquante | But à la 12e minute |
Elisa De Almeida | Défenseuse | But à la 16e minute |
Sandy Baltimore | Attaquante | But à la 19e minute |
Grace Geyoro | Milieu | But à la 56e minute |
Les Défis à Venir
Si la victoire face à la Suisse est encourageante, les Bleues doivent désormais confirmer. Les demi-finales de la Ligue des nations, prévues dans les mois à venir, seront un test majeur. Face à des équipes comme l’Espagne, championne du monde, ou l’Angleterre, championne d’Europe, l’équipe de France devra montrer qu’elle peut rivaliser avec les meilleures.
Pour Bonadei, l’objectif est clair : construire une équipe capable de viser un titre international. « On est dans un projet à long terme », insiste-t-il. Ce projet passe par une cohésion d’équipe renforcée, une identité de jeu affirmée et une capacité à gérer la pression des grandes compétitions.
L’Héritage des Bleues en Question
Le football féminin français a toujours été riche en talents, mais il lui manque encore un sacre majeur. Les épopées des Bleues, notamment lors des Coupes du monde 2011 et 2019, ont montré leur potentiel, mais aussi leurs limites. Avec cette nouvelle génération, portée par des joueuses comme Mbock, Mateo ou Baltimore, l’équipe de France peut-elle enfin franchir ce cap ?
La transition opérée par Bonadei, bien que risquée, pourrait être la clé pour débloquer ce potentiel. En misant sur la jeunesse et une nouvelle philosophie de jeu, il cherche à écrire une nouvelle page de l’histoire des Bleues. Mais pour cela, il faudra du temps, de la patience et, surtout, des résultats.
Les Bleues sont-elles prêtes à conquérir l’Europe ? La réponse se jouera dans les mois à venir…
En attendant, la victoire face à la Suisse reste un signal fort. Elle montre que l’équipe de France féminine est sur la bonne voie, portée par un sélectionneur audacieux et une capitaine déterminée. Reste à savoir si ce renouveau saura s’inscrire dans la durée et mener les Bleues vers les sommets.