Une vague de violence sans précédent s’est abattue sur la ville équatorienne de Guayaquil ce weekend, faisant pas moins de 14 victimes en l’espace de quelques jours. Point d’orgue de ce déchaînement meurtrier, une attaque armée en pleine rue dimanche soir qui a coûté la vie à sept personnes, dont un mineur, qui se trouvaient devant une épicerie.
Selon une source policière, des hommes à moto auraient ouvert le feu sur le groupe, tuant sept personnes sur le coup. Des vidéos glaçantes de la fusillade, montrant plusieurs corps étendus sur la chaussée, ont rapidement fait le tour des réseaux sociaux, illustrant l’extrême brutalité de cet épisode.
Guayaquil, épicentre des violences liées au narcotrafic
Avec ses près de 3 millions d’habitants, Guayaquil et son port sont devenus un hub stratégique pour les trafiquants de drogue, qui l’utilisent comme point de sortie pour exporter la cocaïne vers les Etats-Unis et l’Europe. Une position clé qui attise les convoitises et les rivalités sanglantes entre les différents gangs.
D’après le responsable de la police locale, les victimes de la fusillade de dimanche appartenaient à différentes organisations criminelles, laissant craindre de probables représailles et une nouvelle flambée de violence dans les prochains jours. Rien que dans le secteur de Pascuales, où s’est déroulée l’attaque, ce sont déjà 50 personnes qui ont été assassinées depuis le début de l’année.
L’armée prise pour cible
Signe de l’emprise grandissante des narcotrafiquants, même les forces de l’ordre ne sont plus épargnées. Vendredi, un colonel de l’armée de l’air en charge d’opérations anti-drogue a été abattu près de la prison de Guayaquil. Un assassinat qui reflète « l’état de guerre dans lequel est plongé l’Équateur » selon le gouvernement.
Face à cette situation explosive, les autorités tentent de riposter. La province de Guayas, dont Guayaquil est la capitale, fait partie des 7 provinces équatoriennes (sur 24) placées en état d’exception depuis janvier pour tenter d’endiguer la violence. Une mesure pour l’instant insuffisante au vu de la détérioration sécuritaire.
L’Équateur au bord du chaos
Plus globalement, c’est tout l’Équateur qui semble plonger dans une spirale incontrôlable, pris en étau entre la Colombie et le Pérou, les deux plus gros producteurs mondiaux de cocaïne. Le taux d’homicides dans le pays est passé de 6 pour 100.000 habitants en 2018 à 38 en 2024, après un record de 47 en 2023.
Le président équatorien Daniel Noboa, en lice pour sa réélection et qualifié pour le second tour mi-avril, a déclaré le pays en « conflit armé » interne. Il a identifié une vingtaine d’organisations criminelles qualifiées de « terroristes » et de « belligérantes » contre lesquelles il a déployé l’armée en permanence dans les rues.
Malgré ces mesures, le trafic de drogue continue de prospérer. En 2024, ce sont 294 tonnes de drogues, principalement de la cocaïne, qui ont été saisies, contre 221 tonnes l’année précédente. Des chiffres qui témoignent de l’ampleur du défi sécuritaire et de la détermination des cartels à faire de l’Équateur une plaque tournante de leur commerce mortifère.
À l’heure où Guayaquil compte ses morts et retient son souffle dans l’attente d’un nouveau déluge de feu, c’est tout un pays qui vacille au bord du chaos, prisonnier d’une guerre sans merci dont nul ne semble voir l’issue. L’Équateur parviendra-t-il à enrayer cette spirale infernale et à reprendre le contrôle de son destin ? L’avenir du pays tout entier est en jeu.