Au terme d’une bataille de près de trois semaines contre les flammes, les soldats du feu équatoriens peuvent enfin souffler. Selon le dernier bilan communiqué par les autorités, les deux derniers incendies majeurs qui sévissaient encore dans le sud du pays, près de la ville de Cuenca, sont désormais « sous contrôle ».
Plus de 10 000 hectares partis en fumée
Mais le soulagement des pompiers a rapidement fait place à la consternation à la vue de l’ampleur des dégâts. Dans les régions de Molleturo et Chaucha, le paysage n’est plus que désolation. Cristian Zamora, le maire de Cuenca, a fait état de 10 646 hectares ravagés par les flammes rien que dans ce secteur. Un véritable désastre écologique.
Depuis début novembre, ce sont au moins 15 foyers qui se sont déclarés dans la province d’Azuay, dont 8 particulièrement virulents. L’un des plus dévastateurs a frappé le parc national de Cajas, un joyau naturel abritant plus de 700 lagunes et alimentant toute la région en eau potable. Ce site, classé zone humide d’importance internationale, abrite des écosystèmes fragiles et une biodiversité unique, aujourd’hui gravement menacés.
Près de 80 000 hectares brûlés depuis janvier
Et Cajas n’est hélas pas un cas isolé. Selon un bilan officiel, depuis le début de l’année, les flammes ont dévoré pas moins de 79 420 hectares de végétation à travers tout le pays. Une situation critique qui a contraint le gouvernement à décréter l’état d’urgence national il y a une semaine.
La principale cause de ce désastre : une sécheresse d’une intensité inédite depuis 60 ans, qui frappe 20 des 24 provinces équatoriennes. Les rivières asséchées peinent à alimenter les centrales hydroélectriques, provoquant des coupures de courant quotidiennes pouvant aller jusqu’à 14h.
L’agriculture et l’élevage durement touchés
Outre la biodiversité, ce sont aussi les activités humaines qui pâtissent cruellement de cette situation. Selon des sources proches des autorités, plus de 40 000 hectares de cultures seraient partis en fumée, menaçant la sécurité alimentaire de nombreux villages. Les éleveurs déplorent quant à eux la perte de plus de 44 800 têtes de bétail.
Les incendies ont fait 6 morts et 47 blessés depuis janvier. Un bilan très lourd qui devrait encore s’alourdir.
Indique une source proche des secours
Le changement climatique en cause
Pour de nombreux experts, cette catastrophe écologique sans précédent porte la signature du réchauffement climatique. Avec la hausse globale des températures, les épisodes de sécheresse extrême comme celui que traverse actuellement l’Équateur risquent de se multiplier, favorisant l’apparition de mégafeux dévastateurs.
Face à cette menace, le gouvernement équatorien a promis de renforcer les moyens alloués à la prévention et à la lutte contre les incendies. Mais sans une action résolue au niveau international pour endiguer le changement climatique, il y a fort à parier que ces drames se reproduiront à l’avenir, en Équateur comme dans de nombreuses régions du globe.