L’épargne logement traverse une période difficile. Après plusieurs années de disette, les épargnants espéraient un sursaut salvateur. C’était sans compter sur la dernière annonce du Journal officiel : le taux des plans d’épargne logement (PEL) ouverts à compter du 1er janvier 2025 chutera à 1,75%. Un demi-point de moins, et un coup dur pour ceux qui comptaient sur ce placement pour financer leur projet immobilier.
Le PEL dévalorisé pour la première fois depuis 2016
C’est une première depuis août 2016. À l’époque, le taux du PEL avait fondu de 1,50% à 1%. Depuis, il avait connu un léger rebond, passant à 2% au 1er janvier 2023, puis à 2,25% l’année suivante. Mais cette embellie n’aura été que de courte durée. En 2025, le taux du PEL replongera donc à un niveau historiquement bas.
Un coup dur pour les détenteurs de PEL, d’autant que ce taux est fixé pour toute la durée du contrat. Autrement dit, les épargnants qui ouvriront un PEL en 2025 devront se contenter de ce rendement de 1,75% pendant toute la vie du plan, soit au moins 4 ans, et jusqu’à 10 ans.
Des alternatives plus attractives
Face à cette baisse de rémunération, le PEL risque de souffrir de la comparaison avec d’autres produits d’épargne réglementée. Selon Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Epargne :
Le PEL restera moins attractif que d’autres produits d’épargne réglementée comme le Livret A et le Livret de développement durable et solidaire, rémunérés tous les deux à 3%, ou le Livret d’épargne populaire à 4%.
Bien que ces livrets devraient également voir leur taux baisser au 1er février 2025, ils devraient rester au-dessus de celui du PEL. De quoi détourner une partie des épargnants de ce placement traditionnel.
L’épargne logement en perte de vitesse
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En octobre 2024, les encours sur PEL s’établissaient à 224 milliards d’euros, leur plus bas niveau depuis avril 2015. Bien loin du pic de 291 milliards atteint en janvier 2022.
Pour Philippe Crevel, ce placement ne remplit plus sa mission originelle :
Ce produit censé faciliter l’acquisition de la résidence principale ne joue plus réellement son rôle. Au moment où le secteur de l’immobilier traverse une crise majeure, une reconfiguration de ce produit d’épargne qui a près de 60 ans s’impose.
Les conditions du PEL en bref
Pour rappel, l’ouverture d’un PEL nécessite :
- Un versement initial de 225 euros
- Des versements annuels d’au moins 540 euros
- Un plafond de 61 200 euros
Le contrat court sur une durée de 4 ans minimum, prolongeable jusqu’à 10 ans. Au terme, le souscripteur peut obtenir un prêt immobilier à taux préférentiel. Le montant du prêt dépend des sommes épargnées et de la durée du plan.
Attention cependant, un retrait anticipé avant les échéances prévues entraîne la clôture immédiate du PEL et la perte des avantages associés.
Quel avenir pour l’épargne logement ?
Face à la crise du logement et à la perte de vitesse du PEL, une réforme de l’épargne logement semble inévitable. Reste à savoir quelle forme elle prendra. Faut-il revoir les conditions de rémunération et de prêt du PEL? Créer de nouveaux produits mieux adaptés aux besoins des épargnants et des accédants? Les pistes sont nombreuses, mais le temps presse.
Car sans incitation efficace à la constitution d’une épargne préalable, c’est tout le parcours d’accession à la propriété qui pourrait être remis en question. Un risque que les pouvoirs publics ne peuvent ignorer, au moment où le mal-logement gagne du terrain.
La baisse annoncée du taux du PEL pour 2025 n’est donc peut-être que le premier acte d’une refonte plus globale de l’épargne logement. Un dossier à suivre de près dans les mois à venir.