C’est en marge du sommet du G20 à Rio de Janeiro que s’est tenu un entretien bilatéral très attendu entre le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président chinois Xi Jinping. Cette rencontre, présentée comme un nouveau signe du réchauffement des relations entre Londres et Pékin, a été l’occasion pour les deux dirigeants d’aborder les sujets qui fâchent, sans pour autant éluder la volonté de nouer des liens forts entre leurs pays respectifs.
Keir Starmer évoque les points de discorde dès l’entame
Dès le début de la rencontre, le Premier ministre britannique n’a pas hésité à mettre sur la table les sujets de tensions entre le Royaume-Uni et la Chine. Parmi ceux-ci, le sort de Jimmy Lai, figure du mouvement pro-démocratie à Hong Kong, actuellement emprisonné pour atteinte à la sécurité nationale. Keir Starmer a exprimé ses vives inquiétudes quant à la détérioration de l’état de santé du militant en détention.
Les droits humains, les sanctions prises contre des parlementaires britanniques critiques de Pékin, mais aussi les questions de Taïwan, de la mer de Chine et des intérêts partagés à Hong Kong ont été énumérés par le dirigeant travailliste comme autant de points de friction dans les relations sino-britanniques. Des sujets épineux que Londres n’entend pas éluder, malgré sa volonté affichée de renouer le dialogue avec Pékin.
Un dégel diplomatique en marche
Cette rencontre au sommet intervient après des années de tensions entre les deux pays, liées notamment à la situation à Hong Kong et au traitement de la minorité musulmane ouïghoure dans le Xinjiang. Londres et Pékin se sont également accusés mutuellement d’espionnage. Mais depuis l’arrivée au pouvoir en juillet du gouvernement travailliste de Keir Starmer, un dégel diplomatique semble s’être amorcé.
Avant son arrivée à Rio, le Premier ministre britannique avait affiché sa volonté de nouer des relations “sérieuses” avec Pékin, compte tenu notamment du poids de son économie. Un changement de ton notable par rapport aux précédents gouvernements conservateurs qui avaient opté pour un discours très ferme envers la Chine.
Vers une relation “durable et respectueuse”
Lors de l’entretien avec Xi Jinping, Keir Starmer a réaffirmé que le Royaume-Uni souhaitait construire une relation “durable, respectueuse” avec la Chine. Il a proposé de programmer une rencontre bilatérale avec le président chinois et le Premier ministre Li Qiang “à Pékin ou Londres”, soulignant qu’une “relation sino-britannique forte est importante pour les deux pays”.
De son côté, le numéro un chinois a mis en avant le “vaste espace pour la coopération” dont jouissent la Chine et le Royaume-Uni. Selon lui, les deux pays “doivent maintenir leur partenariat stratégique et ouvrir de nouvelles perspectives pour les relations bilatérales”.
Des perspectives de coopération malgré les réticences
Au cours de leur échange, les deux dirigeants ont abordé la question du climat et acté une visite de la ministre britannique des Finances Rachel Reeves à Pékin l’an prochain. Des gestes forts qui témoignent d’une volonté partagée de renforcer les liens économiques et la coopération sur les grands enjeux mondiaux.
Néanmoins, ce rapprochement en vue ne fait pas l’unanimité côté britannique. Une partie de la classe politique estime que la Chine représente avant tout une menace, tant sur le plan commercial que sécuritaire. Les relations militaires étroites entre Pékin et Moscou en pleine guerre en Ukraine sont aussi pointées du doigt.
Lors de sa visite le mois dernier en Chine, le chef de la diplomatie britannique David Lammy avait d’ailleurs mis en garde : le soutien chinois à la Russie pourrait “porter préjudice” aux relations de Pékin avec l’Europe. Un avertissement qui illustre toute la complexité et les équilibres fragiles de ce réchauffement diplomatique en cours entre le Royaume-Uni et le géant asiatique. L’avenir dira si les deux pays parviendront, au-delà des sujets de friction, à bâtir une relation solide et mutuellement bénéfique.