Le géant français de la haute technologie Thales se retrouve dans la tourmente alors qu’une enquête explosive vient d’être lancée conjointement par les autorités britanniques et françaises. Au cœur des soupçons : de graves allégations de corruption qui pourraient ébranler ce mastodonte de l’industrie.
C’est un véritable coup de tonnerre dans le monde des affaires. Jeudi dernier, le Serious Fraud Office (SFO) britannique a annoncé l’ouverture d’une enquête sur des soupçons de corruption au sein du groupe Thales, menée de concert avec le Parquet national financier (PNF) côté français. Selon Nick Ephgrave, directeur du SFO, les deux instances vont “étudier ensemble et rigoureusement toutes les pistes possibles” pour faire la lumière sur ces graves accusations, sans toutefois révéler la nature exacte des faits reprochés.
Thales confirme l’ouverture des enquêtes
Face à ces révélations, le groupe Thales a rapidement réagi, confirmant que “le PNF et le SFO ont ouvert une enquête concernant quatre de ses entités en France et au Royaume-Uni”. Dans un communiqué laconique transmis à l’AFP, l’entreprise a assuré se conformer “à toutes les réglementations nationales et internationales”, refusant cependant tout “autre commentaire à ce stade”.
Selon une source proche de l’enquête, les investigations côté français ont été ouvertes en juillet 2024 des chefs de “corruption d’agent public étranger, trafic d’influence d’agent public étranger, recel et blanchiment”. Les soupçons porteraient notamment sur “un marché d’armement passé par le groupe” dans un pays asiatique, sans plus de précisions à ce stade.
Une collaboration internationale
Pour mener à bien ces investigations d’envergure, le SFO et le PNF ont mis en place une équipe commune d’enquête, sous la coordination d’Eurojust, l’agence européenne pour la coopération judiciaire. Une démonstration de force qui témoigne de la gravité des faits reprochés et de la volonté des autorités de faire toute la lumière sur ces soupçons de malversations.
Cette procédure serait “distincte de celle ayant donné lieu à perquisition en France fin juin”, a tenu à préciser la source judiciaire. En effet, Thales avait déjà été perquisitionné à la fin du mois dernier en France, aux Pays-Bas et en Espagne dans le cadre de deux enquêtes ouvertes en 2016 et 2023, portant là aussi sur la vente de matériel militaire à l’étranger.
Thales dans le viseur de la justice
Ce n’est pas la première fois que le groupe d’armement français se retrouve dans le collimateur de la justice. En mai 2023, le PNF avait déjà ouvert une enquête préliminaire pour vérifier si Thales avait usé de corruption, ce que le groupe conteste, pour décrocher un marché de rénovation d’avions de chasse Mirage-2000 en Inde.
Une autre enquête, lancée en décembre 2020, se penche quant à elle sur le transfert suspect d’un ancien salarié de Thales à un poste à l’ONU, l’une des organisations clientes du groupe. Enfin, un procès pourrait être ordonné visant notamment ce géant de l’armement dans le cadre de soupçons de corruption pour la vente de sous-marins à la Malaisie en 2002.
L’étau se resserre
Avec ces nouvelles révélations, c’est un véritable séisme qui s’abat sur Thales. Le groupe, qui emploie plus de 7000 personnes rien qu’au Royaume-Uni, pourrait voir sa réputation durablement entachée si les soupçons venaient à se confirmer. Dans une industrie aussi sensible que celle de l’armement, où la discrétion et la probité sont de mise, ces allégations de corruption pourraient s’avérer dévastatrices.
Reste désormais à savoir ce que les enquêteurs du SFO et du PNF parviendront à découvrir. Les prochains mois s’annoncent décisifs pour Thales, qui jouera sans nul doute son avenir sur sa capacité à faire toute la transparence sur ces affaires troubles. Car dans le monde impitoyable des affaires, où la confiance est reine, même un géant peut vaciller face au vent mauvais du soupçon.