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Enlèvement d’un Responsable de l’Opposition Tanzanienne : Les Soupçons Pèsent sur les Forces de Sécurité

Nouveau coup dur pour la démocratie en Tanzanie. Le responsable jeunesse d'un parti d'opposition a été enlevé, l'opposition accuse les forces de l'ordre. Ce rapt intervient juste après des élections locales très controversées remportées massivement par le pouvoir. La dérive autoritaire se confirme-t-elle dans le pays ?

L’inquiétude grandit en Tanzanie après l’enlèvement d’Abdul Nondo, responsable de la branche jeunesse du parti d’opposition Alliance pour le changement et la transparence (ACT Wazalendo). Cet incident, qui s’est produit dimanche matin près de la gare routière de Mbezi à la périphérie de Dar es Salaam, la capitale économique, soulève de vives tensions dans le pays. Selon des témoins, une échauffourée aurait eu lieu lors du rapt, au cours duquel une paire de menottes appartenant à l’un des ravisseurs serait tombée au sol, renforçant les soupçons sur l’implication des forces de sécurité.

Pour le parti ACT Wazalendo, il ne fait aucun doute que ce kidnapping a été perpétré par des « policiers ou des membres d’autres forces de sécurité » qui attendaient Abdul Nondo à sa descente du bus en provenance de Kigoma, où il avait participé à la campagne pour les élections locales qui se sont tenues mercredi dernier. Un scrutin dont la régularité est fortement remise en question par l’opposition, qui dénonce des fraudes massives ayant permis au parti au pouvoir depuis l’indépendance en 1961, le Chama cha Mapinduzi (CCM), de rafler près de 99% des sièges.

Le spectre des dérives autoritaires refait surface

Cet enlèvement rappelle de sombres souvenirs en Tanzanie. En septembre dernier, un autre responsable de l’opposition, Ali Mohamed Kibao du parti Chadema, avait lui aussi été kidnappé par des hommes armés avant d’être retrouvé mort le lendemain. Un crime non élucidé, mais dont son parti avait également accusé les forces de sécurité. Des méthodes qui font craindre un retour aux heures sombres de la présidence de John Magufuli, prédécesseur de l’actuelle cheffe de l’État Samia Suluhu Hassan, arrivée au pouvoir en mars 2021 en promettant une ouverture démocratique qui semble aujourd’hui bien lointaine.

La police ouvre une enquête

Face à la gravité des faits, la police tanzanienne a annoncé avoir ouvert une enquête sur l’enlèvement d’Abdul Nondo, qui aurait été commis par des « individus utilisant un Land Cruiser blanc ». Mais au sein de l’opposition, la confiance envers les autorités est rompue. Pour Mbarala Maharagande, le secrétaire adjoint aux droits humains et à la représentation civique d’ACT Wazalendo, la responsabilité de la police ne fait aucun doute. Durant la campagne des élections locales, Abdul Nondo avait dénoncé les agissements de la police et des services de l’immigration accusés de procéder à des arrestations illégales de citoyens sous prétexte qu’ils n’étaient pas tanzaniens.

La communauté internationale reste muette

Malgré la gravité de la situation, la communauté internationale peine à réagir et à condamner fermement ces atteintes répétées aux droits humains et aux principes démocratiques en Tanzanie. Un silence assourdissant, qui contraste avec les déclarations optimistes qui avaient salué l’arrivée au pouvoir de Samia Suluhu Hassan et ses promesses de réformes démocratiques. Aujourd’hui, force est de constater que ces espoirs ont été déçus et que la dérive autoritaire se poursuit, étouffant chaque jour un peu plus les voix de l’opposition et la liberté d’expression.

L’opposition tanzanienne ne désarme pas

Malgré la répression et les menaces, les partis d’opposition tanzaniens refusent de se résigner et continuent de se battre pour défendre la démocratie et les droits fondamentaux. Ils exigent des autorités qu’elles fassent toute la lumière sur l’enlèvement d’Abdul Nondo et les autres exactions commises à l’encontre de leurs membres. Ils appellent également la communauté internationale à sortir de son silence et à faire pression sur le gouvernement tanzanien pour qu’il respecte ses engagements en matière de libertés publiques et de pluralisme politique.

Car au-delà du sort d’Abdul Nondo, c’est l’avenir de la démocratie tanzanienne qui est en jeu. Si rien n’est fait pour enrayer cette spirale autoritaire, le risque est grand de voir le pays sombrer dans une dictature où toute forme d’opposition serait muselée et où les droits humains les plus élémentaires seraient bafoués. Un scénario catastrophe que personne ne souhaite voir se réaliser, mais qui apparaît de plus en plus probable au vu des événements récents. Il est donc urgent d’agir, avant qu’il ne soit trop tard, pour restaurer l’État de droit et offrir aux citoyens tanzaniens un avenir démocratique et pacifique, loin des dérives autoritaires et des violences politiques.

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