En 2015, l’accord de Paris a marqué un tournant dans la lutte contre le changement climatique en fixant un objectif ambitieux : maintenir l’augmentation de la température moyenne mondiale bien en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels, et poursuivre les efforts pour la limiter à 1,5°C. Mais où en sont les différents pays dans la mise en œuvre de leurs engagements ? Alors que l’échéance approche pour la soumission des nouvelles feuilles de route climatiques, il est temps de faire un bilan.
L’accord de Paris : un cadre pour l’action climatique mondiale
Adopté lors de la COP21, l’accord de Paris laisse à chaque pays le soin de fixer ses propres objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, formalisés dans un document appelé “contribution déterminée au niveau national” (CDN). Tous les cinq ans, les pays doivent mettre à jour leur plan d’action pour tenter de combler le retard. L’ONU estime qu’il faudrait réduire collectivement les émissions annuelles de 42% par rapport à 2019 d’ici 2030, et de 57% d’ici 2035, pour maintenir l’objectif de 1,5°C à portée de main.
Le Royaume-Uni montre la voie
Le Royaume-Uni, dirigé par le travailliste Keir Starmer, vient d’annoncer son nouvel engagement : réduire ses émissions de 81% d’ici 2035 par rapport à 1990. Un objectif ambitieux qui place le pays en tête des nations les plus engagées dans la lutte contre le réchauffement climatique. Cette annonce intervient juste avant la publication par les Émirats arabes unis, hôtes de la prochaine COP28, de leur feuille de route visant une baisse de 47% de leurs émissions d’ici 2035 par rapport à 2019.
Les grands pays pollueurs : des engagements très attendus
Mais qu’en est-il des plus gros émetteurs comme la Chine, les États-Unis ou l’Union européenne ? Leur contribution sera déterminante pour l’atteinte des objectifs de l’accord de Paris. La publication de leurs nouvelles CDN n’est pas attendue avant le début de l’année prochaine. Beaucoup d’observateurs s’attendent à ce que les États-Unis, deuxième pays émetteur après la Chine, dévoilent la leur avant le départ de Joe Biden de la Maison Blanche en janvier.
La Chine, premier émetteur mondial, s’est pour l’heure engagée à stabiliser ses émissions de CO2 d’ici à 2030, puis à atteindre la neutralité carbone en 2060. L’Union européenne vise quant à elle une réduction nette de ses émissions de CO2 d’au moins 55% d’ici 2030 par rapport à 1990.
Des promesses encore insuffisantes face à l’urgence climatique
Malgré ces engagements, le compte n’y est pas encore. Selon l’ONU Environnement, la mise en œuvre intégrale des CDN actuelles, dites “inconditionnelles”, mettrait le monde sur la voie d’une hausse des températures de 2,8°C. Même en prenant en compte les promesses conditionnées à l’obtention de financements ou aux efforts d’autres pays, le réchauffement atteindrait 2,6°C, bien au-delà des objectifs de l’accord de Paris.
Il est donc crucial que tous les pays, et en particulier les plus gros pollueurs, rehaussent leurs ambitions dans les prochains mois. La COP26 de Glasgow a montré que la dynamique était là, avec de nombreux engagements sur la réduction du méthane, la sortie du charbon ou la fin de la déforestation. Mais il faut maintenant passer des paroles aux actes.
Les nouvelles CDN qui seront publiées d’ici février prochain donneront une indication claire sur notre capacité collective à maintenir l’espoir de limiter le réchauffement à 1,5°C. Un objectif qui s’éloigne un peu plus chaque jour, mais qu’il est encore possible d’atteindre si tous les pays prennent leurs responsabilités et intensifient leurs efforts sans attendre. L’avenir de notre planète en dépend.