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Enfants de Bazoum : Cri Déchirant pour Libérer leurs Parents

Depuis plus de deux ans, Mohamed Bazoum et son épouse sont prisonniers dans leur propre palais. Leurs enfants brisent le silence avec un appel déchirant : « Mettez fin à notre calvaire ». Mais la junte refuse toujours de les juger. Que cache cette détention sans procès ?

Imaginez que votre père, élu démocratiquement président de votre pays, soit enfermé depuis plus de deux ans dans une aile de son propre palais, sans lumière du jour, sans procès, et que votre mère ait choisi de rester à ses côtés plutôt que de retrouver la liberté. C’est la réalité que vivent aujourd’hui les enfants de Mohamed Bazoum, l’ancien président du Niger renversé par un coup d’État en juillet 2023.

Ils viennent de prendre la parole publiquement, pour la première fois avec une telle force, pour supplier le monde entier de ne pas oublier leurs parents.

Un appel qui bouleverse

Lucas, Zazia, Hinda, Haoua et Salem Bazoum ne supportent plus le silence. Dans une tribune bouleversante, ils décrivent le quotidien de leurs parents, âgés de 65 et 57 ans, réduits à l’état de prisonniers dans leur résidence officielle à Niamey.

Ils n’ont plus le droit de sortir. Ils n’ont plus le droit de voir la lumière naturelle. Leurs contacts avec l’extérieur se limitent à un appel téléphonique toutes les deux semaines. C’est tout.

« Nous lançons un appel à la mobilisation de toute la communauté nationale et internationale pour qu’elle mette fin à notre calvaire et à celui de nos parents »

Les enfants Bazoum

Une détention sans jugement

Depuis le coup d’État du 26 juillet 2023, Mohamed Bazoum n’a jamais démissionné. Il reste, aux yeux de nombreux observateurs internationaux, le président légitime du Niger. Pourtant, la junte dirigée par le général Abdourahamane Tiani le maintient en captivité.

En août 2023, les nouvelles autorités annonçaient vouloir le poursuivre pour « haute trahison », un crime passible de la peine de mort. L’immunité présidentielle a été levée en 2024. Mais plus de deux ans après, aucune procédure judiciaire n’a été engagée.

Pour les enfants, la raison est simple : il n’existe aucune preuve.

« Les responsables de ce régime refusent obstinément de présenter notre père devant un tribunal. Et pour cause, les accusations portées contre lui sont sans preuves ni fondement »

Le choix déchirant d’Hadiza Bazoum

Le 16 août 2024, la junte a proposé à Hadiza Bazoum, l’épouse du président déchu, de quitter les lieux de détention. Elle a refusé. Elle a préféré rester aux côtés de son mari plutôt que de retrouver ses enfants en liberté.

Ce geste d’amour et de solidarité a profondément marqué la famille. Les enfants le racontent avec une émotion palpable : leur mère a choisi la prison plutôt que l’abandon.

Ce choix dit tout de la situation dans laquelle se trouve le couple présidentiel : même la possibilité de sortir n’était pas assez forte pour séparer Hadiza de Mohamed.

Des conditions de détention indignes

Privés de lumière du jour. Privés de visites. Privés de promenades. Les avocats du président déchu n’ont cessé d’alerter sur ces conditions depuis des mois.

Salem, l’un des fils, a lui-même été détenu plusieurs mois aux côtés de ses parents avant d’être libéré. Il sait exactement ce que vivent son père et sa mère au quotidien.

L’isolement est total. Les rares appels téléphoniques autorisés sont surveillés. Chaque mot est pesé. Chaque silence est lourd.

Ce que disent les enfants :

  • Un seul appel toutes les deux semaines
  • Aucune sortie à l’extérieur
  • Aucune exposition à la lumière naturelle
  • Aucune visite physique autorisée
  • Aucune perspective de procès

Une blessure faite à toute la nation

Au-delà de leur douleur personnelle, les enfants Bazoum adressent un message fort aux Nigériens eux-mêmes.

Ils estiment que le traitement infligé à leurs parents est une humiliation pour tout le pays. Un président élu, enfermé sans jugement, dans son propre palais, sous le regard du monde entier.

« Le traitement dégradant réservé à nos parents est une blessure faite à notre nation »

Cette phrase résonne comme un appel à la conscience collective. Car ce qui arrive à la famille Bazoum concerne, selon eux, l’honneur même du Niger.

Un calvaire qui dure depuis 852 jours

À l’heure où ces lignes sont écrites, cela fait exactement 852 jours que Mohamed et Hadiza Bazoum sont privés de liberté. Plus de deux ans et demi.

Pendant ce temps, le pays qu’ils dirigeaient continue de sombrer dans l’insécurité. Les attaques jihadistes, qui avaient justement servi de prétexte au coup d’État, n’ont pas diminué. Bien au contraire.

La junte peine toujours à rétablir l’ordre et la sécurité, malgré les promesses faites au lendemain du putsch.

Un silence international qui pèse

Si les premières semaines du coup d’État avaient suscité une forte mobilisation internationale, la situation semble aujourd’hui entrée dans une forme de routine tragique.

Les enfants Bazoum le savent. Ils sentent que l’attention faiblit. Que le monde passe à autre chose. C’est pourquoi ils ont choisi de parler maintenant, avec cette force et cette dignité.

Ils ne demandent pas la pitié. Ils demandent justice. Ils demandent que leur père soit jugé ou libéré. Ils demandent que leur mère puisse enfin les serrer dans ses bras sans surveillance.

Que reste-t-il de l’espoir ?

Dans leur texte, les enfants avouent être « à bout de force et d’espoir ». Ces mots sont lourds. Ils disent l’épuisement d’une famille qui a tout essayé.

Mais ils continuent malgré tout de croire qu’un sursaut est possible. Que la communauté internationale peut encore agir. Que les Nigériens peuvent encore se souvenir de ce qu’était leur pays avant le 26 juillet 2023.

Leur appel n’est pas seulement celui d’enfants en détresse. C’est celui d’une génération qui refuse que la démocratie soit enterrée sans combat.

Et tant que Mohamed Bazoum n’aura pas été présenté devant un tribunal ou libéré, cette histoire continuera de hanter le Niger et bien au-delà.

Car au fond, ce qui se joue dans cette aile isolée du palais présidentiel de Niamey, c’est bien plus qu’une affaire familiale. C’est le sort d’un pays tout entier.

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