Au cœur de la nuit torontoise, les sirènes de police ont une fois de plus déchiré le silence. Pour la troisième fois cette année, l’école primaire juive pour filles Bais Chaya Mushka a été la cible de tirs, semant l’effroi dans la communauté. Si aucun blessé n’est à déplorer, cet énième incident ravive les inquiétudes quant à la montée de l’antisémitisme et des tensions intercommunautaires dans la métropole canadienne.
Peu après 2 heures du matin, des coups de feu ont résonné dans le quartier de North York, visant directement l’établissement scolaire. Rapidement sur place, les forces de l’ordre ont sécurisé la zone, constatant avec soulagement l’absence de victimes. Mais le mal est fait : la peur s’est à nouveau insinuée dans le quotidien des familles juives de Toronto.
Ce n’est malheureusement pas un cas isolé. Déjà en octobre et en mai derniers, la Bais Chaya Mushka avait été visée par des attaques similaires. Si un adolescent et un homme ont depuis été arrêtés et inculpés pour les faits d’octobre, l’inquiétude persiste. Comment garantir la sécurité de ces enfants, dont le seul tort est d’appartenir à une communauté minoritaire ?
L’indignation gronde au sein de la classe politique et des leaders communautaires
Face à cette situation intolérable, les réactions n’ont pas tardé. La maire de Toronto Olivia Chow a vivement condamné cette attaque sur le réseau social X, martelant que « l’antisémitisme et les attaques antisémites n’ont pas leur place à Toronto ». Un cri du cœur partagé par le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (Cija), pour qui « nos valeurs communes sont menacées ».
Mais au-delà des mots, quelles actions concrètes mettre en place pour endiguer cette vague de haine ? C’est tout l’enjeu des prochains mois pour les autorités canadiennes, déjà ébranlées par l’incendie criminel d’une synagogue à Montréal mercredi dernier. Un acte odieux fermement condamné par le Premier ministre Justin Trudeau.
L’ombre du conflit israélo-palestinien
Impossible de dissocier ces événements tragiques du contexte géopolitique actuel, marqué par une recrudescence des tensions entre Israël et la Palestine. En effet, depuis l’attaque sans précédent du Hamas contre Israël et la sanglante campagne militaire de représailles qui s’en est suivie, le ton ne cesse de monter entre les deux camps.
Le bilan est effroyable : plus de 1200 morts côté israélien, principalement des civils, et plus de 45 000 côté palestinien, selon le ministère de la Santé du Hamas. Des chiffres glaçants qui témoignent de l’ampleur de la tragédie et de son impact mondial. Difficile en effet d’imaginer que de telles violences n’aient pas des répercussions, y compris à des milliers de kilomètres du théâtre des opérations.
Résister à la tentation de l’amalgame
Pourtant, il serait dangereux et contreproductif de tomber dans le piège de la généralisation abusive. Non, tous les musulmans ne sont pas des terroristes en puissance. Non, critiquer la politique israélienne ne fait pas automatiquement de vous un antisémite. À l’heure où les extrémismes de tous bords se nourrissent de la division et de la peur de l’autre, il est crucial de préserver le dialogue et le respect mutuel.
«Ce n’est pas en stigmatisant des communautés entières que nous parviendrons à construire une société apaisée et harmonieuse»
Un leader communautaire torontois
Un défi à relever collectivement
Car en définitive, c’est bien de notre vivre-ensemble dont il est question. Au-delà des clivages religieux ou ethniques, nous partageons tous le même désir de sécurité et de liberté. Œuvrer main dans la main pour bâtir un Canada tolérant et inclusif, où chacun puisse pratiquer sa foi sans craindre pour sa vie, voilà l’immense chantier qui nous attend.
Bien sûr, le chemin sera long et semé d’embûches. Les plaies de l’Histoire sont encore à vif, les peurs ancestrales tenaces. Mais en ces heures sombres, gardons espoir. Refusons la fatalité de la haine, choisissons la voie du courage et de la fraternité. Ensemble, prouvons que les forces de division ne l’emporteront pas, que l’amour et le respect seront toujours plus forts que les balles et la barbarie.