Jean-Luc Le Goaller n’oubliera jamais ce matin du 30 avril 1994. Sa femme Manon, alors âgée de 24 ans, est transportée d’urgence par hélicoptère à Rennes pour accoucher de leur fils Allain, avec trois mois d’avance. Pesant à peine un kilo et souffrant d’une infection, le nouveau-né est immédiatement placé en unité de néonatalité, loin des bras réconfortants de ses parents.
À cette époque, le soutien pour les prématurés et leurs familles était quasi inexistant. Pas de peau à peau, d’ateliers massage ou de luminothérapie, pourtant essentiels selon l’OMS pour améliorer les chances de survie et réduire les risques de déficiences. Jean-Luc, un fonceur de 34 ans, a dû gérer seul cette situation bouleversante, tout en soutenant Manon, s’occupant de leur exploitation agricole et rénovant leur maison.
Un Long Chemin vers le Diagnostic d’Autisme
Les années passent et Allain grandit, mais son développement inquiète ses parents. Retard de langage, difficultés relationnelles, comportements répétitifs… Les signes de l’autisme sont là, mais le diagnostic tarde à venir. Jean-Luc se heurte à l’incompréhension du corps médical et doit se battre pour obtenir des réponses.
On nous disait qu’il était simplement en retard, qu’il fallait être patient. Mais mon instinct de père me soufflait que quelque chose n’allait pas. J’ai dû insister, argumenter, pour qu’on nous écoute enfin.
– Jean-Luc Le Goaller
Ce n’est qu’à l’âge de 4 ans qu’Allain est officiellement diagnostiqué autiste. Un soulagement pour ses parents, qui peuvent enfin mettre un nom sur ses difficultés. Mais c’est aussi le début d’un long combat pour lui offrir l’accompagnement dont il a besoin.
Un Père Déterminé à Offrir un Avenir à son Fils
Face au manque criant de structures adaptées et de professionnels formés, Jean-Luc décide de prendre les choses en main. Il se documente, échange avec d’autres parents, multiplie les démarches pour obtenir des aides. Son objectif : donner à Allain toutes les chances de progresser et de s’épanouir.
Séances d’orthophonie, de psychomotricité, aménagements scolaires… Jean-Luc se démène pour mettre en place un parcours sur-mesure pour son fils. Il doit parfois batailler, insister, mais sa ténacité finit par payer. Petit à petit, Allain développe de nouvelles compétences et gagne en autonomie.
Chaque progrès d’Allain est une victoire. Quand je le vois dessiner pendant des heures, sourire à une blague, mon cœur de père est empli de fierté. Je sais que le chemin est encore long, mais je crois en lui.
– Jean-Luc Le Goaller
Des Projets Pleins la Tête pour un Avenir Meilleur
Aujourd’hui âgé de 30 ans, Allain vit toujours avec son père, sa mère étant décédée il y a quelques années. Ensemble, ils forment un duo inséparable, uni par un lien indéfectible. Jean-Luc, désormais retraité, consacre tout son temps à accompagner son fils vers plus d’indépendance.
- Trouver un logement adapté où Allain pourra vivre de façon autonome, avec un accompagnement personnalisé.
- Développer ses talents artistiques en intégrant un atelier d’art-thérapie spécialisé.
- Favoriser son insertion professionnelle grâce à un travail en ESAT (Établissement et service d’aide par le travail).
Autant de projets que Jean-Luc porte avec détermination, mû par l’amour inconditionnel qu’il voue à son fils. Car au-delà de l’autisme, il voit en Allain un être unique, doté de formidables capacités.
Mon rêve le plus cher ? Qu’Allain trouve sa place dans cette société, qu’il puisse vivre heureux et épanoui. Je me battrai jusqu’à mon dernier souffle pour lui offrir cet avenir. C’est tout ce qui compte.
– Jean-Luc Le Goaller
Une leçon de courage et d’abnégation, qui force le respect et invite à porter un regard nouveau sur l’autisme. Car derrière chaque personne autiste, il y a une histoire singulière, des combats intimes et des victoires à célébrer. Jean-Luc et Allain nous rappellent l’essentiel : l’amour est le moteur le plus puissant pour aider nos enfants à déployer leurs ailes.