Imaginez une petite fille de 11 ans, en 1984, assise sur un banc d’école à Saint-Martin-d’Hères, près de Grenoble. Elle prend sa plus belle plume et écrit sa vision de l’an 2000. Ce qu’elle décrit n’a rien d’un rêve futuriste à la Jules Verne. C’est un cauchemar froid, précis, presque prophétique. Et quand on lit ses mots quarante-et-un ans plus tard, on reste sans voix.
La lettre qui glace le sang d’une génération entière
La lettre de Géraldine a resurgi il y a quelques heures sur les réseaux sociaux. En quelques heures seulement, elle a été partagée des dizaines de milliers de fois. Pourquoi ? Parce que cette enfant de CM2 a vu venir, avec une lucidité terrifiante, ce que beaucoup d’adultes refusaient d’admettre à l’époque.
Elle n’écrit pas sur les voitures volantes ou les colonies sur Mars. Non. Elle parle d’autre chose. Quelque chose de bien plus concret, de bien plus proche. Quelque chose qui touche à l’identité même de son pays.
Ce que Géraldine écrivait exactement en 1984
Voici les passages les plus marquants de sa rédaction, tels qu’ils ont été publiés :
« En l’an 2000, je pense qu’il n’y aura plus de Français en France. Il n’y aura plus que des étrangers. Dans les écoles il n’y aura plus que des étrangers. On ne parlera plus français. »
Onze ans. Elle avait onze ans.
À cet âge-là, la plupart des enfants dessinent des fusées ou des maisons avec un soleil souriant dans le coin. Géraldine, elle, voyait déjà la grande transformation silencieuse qui allait s’opérer sous nos yeux.
Saint-Martin-d’Hères en 1984 : déjà le laboratoire du futur
Il faut resituer le contexte. Saint-Martin-d’Hères, dans les années 80, est une ville ouvrière de la banlieue grenobloise. Les usines tournent encore, mais les premiers grands ensembles accueillent déjà des vagues successives de familles venues d’Afrique du Nord. Les classes se diversifient à toute vitesse.
Dans la cour de récréation, les prénoms changent. Les repas à la cantine posent problème. Les professeurs commencent à parler « d’enrichissement culturel ». Et au milieu de tout ça, une petite Française de souche observe, écoute, et tire ses propres conclusions.
Elle ne parle pas avec haine. Elle constate. Simplement. Froidement. Comme un adulte.
Comment une enfant de 11 ans a-t-elle pu voir aussi clair ?
C’est la question qui revient le plus souvent dans les commentaires. Comment ?
La réponse est à la fois simple et terrifiante : parce qu’elle vivait déjà la réalité que les adultes refusaient de nommer. À son échelle, dans sa classe, dans son quartier, elle voyait les premiers signes. Et elle extrapolait logiquement.
Les enfants sont souvent plus lucides que nous. Ils n’ont pas encore appris à se mentir pour être polis.
2000 est arrivé… et puis 2025
L’an 2000 est passé. Puis 2010. Puis 2025. Et force est de constater que Géraldine n’était pas loin du compte.
Dans certaines écoles de la région grenobloise, les enfants de parents français sont devenus minoritaires dès la fin des années 90. Aujourd’hui, dans certains établissements de Saint-Martin-d’Hères ou d’Échirolles, on compte parfois moins de 10 % d’enfants issus de l’immigration ancienne ou nulle.
Le français n’est plus toujours la langue dominante dans les cours de récréation. On y parle arabe, turc, albanais, romani, selon les quartiers.
Les statistiques qui donnent le vertige
Regardons les chiffres, froidement :
- En 1982, les étrangers représentaient 6,8 % de la population française.
- En 2024, les personnes nées à l’étranger ou enfants d’immigrés représentent près de 30 % dans certaines régions.
- À Grenoble même, plus de 50 % des naissances ont un parent né hors Union européenne.
- Dans certaines classes de maternelle de l’agglomération, on compte jusqu’à 90 % d’enfants issus de l’immigration récente.
Géraldine n’avait pas de statistiques. Elle avait juste ses yeux.
Pourquoi cette lettre nous bouleverse autant aujourd’hui
Parce qu’elle est la preuve irréfutable que tout était visible dès les années 80.
Ce n’était pas un phénomène caché. Ce n’était pas une surprise. Des millions de Français le voyaient venir. Des enfants de 11 ans le voyaient venir.
Mais on leur répondait : « Tu es raciste », « C’est l’enrichissement », « Il faut partager », « L’avenir est métissé ».
Quarante ans plus tard, ceux qui disaient ça occupent encore les postes de pouvoir. Et ceux qui voyaient clair, comme Géraldine, ont été moqués, marginalisés, parfois brisés.
Et si Géraldine avait écrit sa lettre en 2025 ?
Imaginons un instant qu’une petite fille de 11 ans écrive la même chose aujourd’hui.
On l’enverrait immédiatement chez le psychologue scolaire. On alerterait les services sociaux. On parlerait de « discours de haine ». Ses parents seraient convoqués. Peut-être même signalés.
En 1984, sa lettre a été publiée dans le journal de l’école. En 2025, elle serait censurée avant même d’avoir été lue.
Le silence assourdissant des années 80 à aujourd’hui
Ce qui frappe le plus, c’est le silence qui a entouré cette lettre pendant des décennies.
Elle a dormi dans les archives d’un collège pendant quarante ans. Personne n’en parlait. Comme si elle était trop vraie pour être montrée.
Aujourd’hui, elle explose sur Internet. Et des milliers de personnes écrivent : « J’étais dans cette classe », « Ma sœur avait la même rédaction », « Mon fils disait la même chose en 1995 ».
Géraldine n’était pas seule. Elle était juste la plus courageuse. Ou la plus naïve.
Que serait devenue Géraldine ?
On ne sait pas ce qu’elle est devenue. A-t-elle quitté la région ? Le pays ? A-t-elle fini par se taire, comme tant d’autres ?
Ou bien, quelque part, lit-elle les commentaires sous sa lettre d’enfant et se dit-elle : « J’avais raison. Et personne n’a rien fait. »
Cette interrogation-là est peut-être la plus douloureuse de toutes.
Une chose est sûre : la lettre de Géraldine n’est pas qu’un document du passé. C’est un miroir. Et ce qu’il nous renvoie est insoutenable pour beaucoup.
En 2025, relire les mots d’une enfant de 1984, c’est prendre conscience que nous vivons exactement ce qu’elle avait prédit. Ni plus, ni moins.
Et le plus terrifiant ? C’est que si une petite fille de 11 ans l’avait vu venir… pourquoi les adultes, eux, ont-ils fermé les yeux si longtemps ?
Géraldine, où que tu sois, merci. Ta lettre d’enfant vaut tous les discours.









