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Emmanuel Macron sous le feu des critiques après ses propos à Mayotte

Emmanuel Macron déclenche une tempête politique après des propos chocs lors de sa visite à Mayotte. Entre tensions gouvernementales, possible remaniement avec Xavier Bertrand et dette publique record, le pouvoir navigue en eaux troubles. Décryptage d'une situation explosive.

Le président de la République Emmanuel Macron se retrouve une nouvelle fois au cœur d’une vive polémique suite à des propos tenus lors de son déplacement à Mayotte jeudi dernier. Face à une foule hostile qui scandait des slogans hostiles, le chef de l’État a en effet lancé : « Vous êtes contents d’être en France. Parce que si c’était pas la France vous seriez 10.000 fois plus dans la merde ! ». Des paroles qui ont immédiatement suscité l’indignation des oppositions.

Des propos « insultants » pour les oppositions

À droite comme à gauche, les critiques n’ont pas tardé à fuser contre ce que beaucoup considèrent comme un manque de respect envers les Mahorais. Le député LR Mansour Kamardine a ainsi dénoncé des paroles « insultantes et méprisantes » de la part du président. Une position partagée par le sénateur socialiste Abdallah Hassani qui estime qu’Emmanuel Macron « n’est pas à la hauteur de la situation » à Mayotte.

Même son de cloche du côté du Rassemblement National, dont la cheffe de file Marine Le Pen a jugé « indignes » les propos présidentiels. Sur BFMTV vendredi matin, le porte-parole RN Laurent Jacobelli est allé plus loin en accusant Emmanuel Macron « d’humilier les Français d’Outre-mer ».

Un contexte de crise sociale et migratoire

Il faut dire que la visite du président intervient dans un contexte particulièrement tendu sur l’île de l’océan Indien. Mayotte fait en effet face à d’importantes difficultés économiques et sociales, avec un taux de chômage record et une pauvreté galopante. La question migratoire cristallise aussi les tensions, l’île subissant une pression migratoire considérable en provenance des Comores voisines.

Face à cette situation explosive, beaucoup attendaient du président des annonces fortes et des mesures concrètes. Mais le déplacement s’est pour l’instant résumé à une succession de couacs et de polémiques, à l’image de la violente altercation entre Emmanuel Macron et un jeune Mahorais jeudi. Ambiance électrique donc, à 10.000 kilomètres de Paris.

Tensions et tractations en coulisses

Et le climat n’est guère plus apaisé dans les allées du pouvoir. Selon certaines indiscrétions, les relations se tendraient en effet entre Emmanuel Macron et son nouveau Premier ministre François Bayrou. En cause : la volonté du président de procéder à un remaniement gouvernemental pour intégrer des figures de la droite comme Xavier Bertrand. Une perspective qui ne semble pas enthousiasmer le locataire de Matignon.

Signe que le sujet est sensible, le patron du MoDem a publiquement démenti vendredi matin toute « tension ou rivalité » avec le chef de l’État. Mais selon des sources gouvernementales, François Bayrou craindrait qu’un élargissement vers la droite ne le marginalise. Il redouterait aussi un « retour des éléphants » susceptible de lui faire de l’ombre.

Le Rassemblement national à l’affût

De son côté, le Rassemblement national observe la situation avec gourmandise. Marine Le Pen a ainsi indiqué jeudi qu’elle ne s’opposerait pas à l’entrée de Xavier Bertrand au gouvernement, y voyant le signe d’un affaiblissement d’Emmanuel Macron. « Macron est aux abois, il sent que son pouvoir s’effrite », a-t-elle assuré.

Le RN espère bien profiter de la crise pour grignoter des points dans l’opinion. Tout en maintenant la pression sur l’exécutif, comme l’a illustré la menace brandie par le député Jean-Philippe Tanguy de déposer une motion de censure si Xavier Bertrand était nommé à Matignon. Pour l’heure, l’hypothèse semble écartée, mais elle témoigne du climat de fébrilité qui règne au sommet de l’État.

La dette, l’autre sujet brûlant

Car les nuages s’accumulent décidément pour Emmanuel Macron. Au-delà des turbulences politiques, c’est la situation économique du pays qui préoccupe. Avec une dette publique qui a atteint le niveau abyssal de 3303 milliards d’euros au troisième trimestre, soit 113,7% du PIB, la France n’a en effet jamais été aussi endettée.

Nous atteignons un niveau de dette vertigineux et inquiétant. Il va falloir un sursaut et des décisions courageuses pour redresser la barre.

François Bayrou, premier ministre

Un constat alarmant partagé par la plupart des économistes, qui pressent le gouvernement d’agir. Le premier ministre François Bayrou, chargé de présenter un plan de redressement des comptes publics d’ici l’été, aura fort à faire pour rassurer et trouver le bon cap. Lui qui voit dans la dette une menace pour « notre modèle social et nos services publics ».

En bref

  • Polémique sur les propos du président Macron lors de sa visite mouvementée à Mayotte
  • Vives critiques des oppositions qui dénoncent des paroles « insultantes »
  • Tensions en coulisse sur un éventuel remaniement avec l’entrée de Xavier Bertrand au gouvernement
  • Le RN à l’affût, espérant profiter de la crise politique
  • Inquiétudes sur le niveau « vertigineux » de la dette publique française

Autant de signaux préoccupants pour le pouvoir en place, qui navigue décidément en eaux troubles en cette fin d’année. Entre révolte sociale, crise migratoire, dissensions en interne et finances publiques exsangues, Emmanuel Macron affronte des vents contraires sur tous les fronts. La tempête ne fait peut-être que commencer.

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