Tel un caméléon politique, Emmanuel Macron semble changer de couleur au gré des vents électoraux. Élu en 2017 sur un programme “ni de droite, ni de gauche”, le président de la République a multiplié les virages idéologiques au cours de son quinquennat, brouillant les repères de l’échiquier politique français. Aujourd’hui confronté à une Assemblée nationale morcelée après des élections législatives marquées par une forte abstention, le chef de l’État se retrouve contraint de composer avec ses opposants pour espérer gouverner.
Une présidence sous le signe des revirements
Au fil des crises, Emmanuel Macron a navigué de la droite à la gauche, alternant réformes libérales et mesures sociales. Un grand écart idéologique qui a fini par semer le trouble, y compris dans son propre camp. De la suppression de l’ISF à la nationalisation d’EDF, en passant par les 110 milliards d’euros du « quoi qu’il en coûte » pendant la crise sanitaire, le locataire de l’Élysée a souvent donné l’impression de gouverner à vue, au détriment d’une ligne politique claire.
On pensait avoir épuisé la plasticité du macronisme. Avant-hier c’était balle au centre, hier c’était à droite toute, aujourd’hui c’est cap à gauche…
Vincent Trémolet de Villers, éditorialiste au Figaro
Des promesses électorales oubliées
Autre grief adressé au président Macron : celui d’avoir trahi nombre de ses engagements de campagne. De la réforme des retraites, mise entre parenthèses puis enterrée, à la baisse des impôts pour les classes moyennes, les promesses non tenues se sont accumulées, nourrissant la défiance d’une partie de l’électorat. Une tendance illustrée par la forte abstention enregistrée lors des dernières élections législatives, signe d’une démocratie grippée.
Vers un nouveau “Conseil national de la Résistance” ?
Face au risque d’une Assemblée ingouvernable, Emmanuel Macron joue désormais la carte du rassemblement. Avec en ligne de mire, la constitution d’une large coalition allant de la gauche à la droite, en passant par les centristes et les écologistes. Un attelage hétéroclite qui rappelle la gauche plurielle de Lionel Jospin en 1997, avec comme invité surprise Jean-Luc Mélenchon et son union de la gauche. L’exécutif rêve d’une forme de “Conseil national de la Résistance” pour contrer le Rassemblement national. Reste à savoir si cette alliance de circonstance résistera à l’épreuve des faits.
À mi-mandat, Emmanuel Macron semble plus que jamais confronté aux limites de sa stratégie du “en même temps”. Pris en étau entre une opposition revigorée et une opinion publique volatile, le président caméléon parviendra-t-il à retrouver des couleurs et à redonner un cap à son quinquennat ? Réponse dans les prochains mois, avec des arbitrages cruciaux à venir sur le budget, l’écologie ou encore le pouvoir d’achat. Des dossiers brûlants qui mettront à l’épreuve la capacité du chef de l’État à rassembler dans un pays plus que jamais fracturé.