Rabat s’apprête à accueillir un invité de marque. Le président français Emmanuel Macron entame ce lundi une visite d’État de trois jours au Maroc, marquant la volonté des deux pays de tourner la page de trois années de relations troublées. Aux côtés du roi Mohammed VI, il compte donner un nouvel élan au partenariat historique entre l’ancienne puissance coloniale et le royaume chérifien.
Une délégation française fournie pour sceller la réconciliation
Signe de l’importance accordée à cette visite, Emmanuel Macron sera accompagné d’une imposante délégation française. Pas moins de neuf ministres feront le déplacement, dont ceux de l’Intérieur, de l’Économie, de l’Éducation nationale et de la Culture. Les dirigeants de plusieurs grands groupes industriels comme Engie, Alstom, Safran ou TotalEnergies seront aussi du voyage, tout comme des représentants d’Airbus, Veolia ou Thalès.
Le monde culturel franco-marocain sera également à l’honneur, avec la présence d’écrivains comme Tahar Benjelloun et Leïla Slimani, de l’humoriste Djamel Debbouze et de l’acteur Gérard Darmon. Le roi Mohammed VI réservera un accueil royal à son hôte, avec une réception à l’aéroport de Rabat au son de 21 coups de canon.
Tourner la page des contentieux
Cette visite doit permettre de tirer un trait sur une série de contentieux qui ont terni les relations bilatérales ces dernières années. Des soupçons d’écoutes téléphoniques visant Emmanuel Macron à la réduction drastique du nombre de visas accordés aux Marocains, plusieurs dossiers sensibles ont jeté un froid entre Paris et Rabat.
La priorité donnée par le président français à l’Algérie, grande rivale régionale du Maroc, après sa réélection en 2022, avait aussi suscité l’incompréhension côté marocain. Un différend de longue date sur le Sahara occidental, ex-colonie espagnole revendiquée par Rabat mais dont l’indépendance est défendue par les indépendantistes sahraouis soutenus par Alger, reste également en toile de fond.
Le Maroc, un partenaire stratégique pour la France
Malgré ces tensions, Emmanuel Macron a finalement choisi de miser sur un réchauffement avec le Maroc, où la France compte d’importants intérêts économiques. En juillet dernier, il a ainsi exprimé son soutien à une solution au conflit du Sahara occidental « dans le cadre de la souveraineté marocaine », un geste très apprécié par Rabat.
Cette position, qu’il devrait réaffirmer avec force lors d’une allocution très attendue devant le Parlement marocain mardi, ouvre la voie à de nouveaux investissements français dans cette région aux importantes ressources naturelles. Plusieurs contrats pourraient d’ailleurs être conclus durant la visite présidentielle, même si les détails restent encore à finaliser.
L’épineuse question migratoire au menu
Sur le volet migratoire, autre dossier sensible, le nouveau ministre français de l’Intérieur compte obtenir des engagements fermes de Rabat pour la reprise de ses ressortissants en situation irrégulière. Après la crise des visas de 2021-2022, le gouvernement français promet cependant d’avancer dans un esprit de dialogue.
Il faut tirer les leçons des erreurs du passé et aborder la question dans le cadre d’un partenariat global.
Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères
Au-delà de la gestion des contentieux, Paris et Rabat veulent surtout se projeter vers l’avenir et bâtir un partenariat d’avenir. De l’énergie à la culture en passant par l’éducation ou la sécurité, de nombreux accords de coopération devraient être signés durant cette visite pour renforcer les liens dans tous les domaines.
Emmanuel Macron et Mohammed VI comptent bien profiter de ces trois jours pour relancer sur de nouvelles bases cette relation si particulière entre la France et le Maroc, deux pays liés par l’histoire et la géographie. L’enjeu est de taille: construire un partenariat fort et équilibré, tourné vers l’avenir. Premier test grandeur nature dès lundi.
