Au cœur d’une période tumultueuse sur le plan intérieur, le président français Emmanuel Macron a entamé lundi une visite d’État de trois jours en Arabie saoudite. Ce déplacement intervient à un moment charnière, alors que Paris cherche à intensifier ses liens avec ce partenaire stratégique incontournable au Moyen-Orient.
Selon une source proche de l’Élysée, le chef de l’État français est arrivé à Ryad peu avant 16h, heure locale. Il s’est immédiatement rendu au palais royal pour un tête-à-tête puis un dîner avec le prince héritier Mohammed ben Salmane, véritable homme fort du royaume.
Un voyage à hauts risques sur fond de crise politique
Cette tournée diplomatique survient dans un contexte politique explosif en France. Le gouvernement, à peine formé il y a deux mois, est sous la menace d’un renversement à l’Assemblée nationale. Emmanuel Macron joue donc gros avec ce déplacement, espérant regagner sur la scène internationale la marge de manœuvre qu’il a perdue depuis la perte de sa majorité absolue en juin.
Macron mise sur son influence au Moyen-Orient
Fort de son rôle dans l’obtention d’un cessez-le-feu au Liban, le président français entend renforcer le poids de la France dans une région ébranlée par de multiples conflits. Il s’agit de son troisième voyage en Arabie saoudite depuis 2017, signe d’une « relation très dense » avec le royaume et son dirigeant Mohammed ben Salmane.
Vers un « partenariat stratégique » avec Ryad
Selon l’Élysée, cette visite doit permettre d' »acter un rehaussement de la relation bilatérale au niveau d’un partenariat stratégique », une première depuis Jacques Chirac en 2006. Les deux dirigeants devraient explorer les moyens de « travailler ensemble » face aux multiples foyers de tension qui secouent le Moyen-Orient.
Prévenir les risques d’escalade régionale
Le timing est délicat alors que les combats ont repris en Syrie entre groupes rebelles et forces du régime, menaçant la fragile trêve établie mercredi au Liban entre Israël et le Hezbollah pro-iranien. Paris et Ryad vont devoir unir leurs efforts pour éviter un embrasement généralisé dans la région.
MBS, un partenaire controversé mais incontournable
En renouant avec Mohammed ben Salmane, un temps mis au ban de la communauté internationale après l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, Emmanuel Macron mise sur un acteur central mais controversé. Une stratégie risquée mais pragmatique pour peser dans une région sous haute tension.
Le pari risqué du chef de l’État
Alors que son quinquennat traverse une zone de fortes turbulences, Emmanuel Macron joue une partition délicate avec ce déplacement. Entre urgence diplomatique et crise politique intérieure, le président engage son crédit sur la scène internationale pour tenter de reprendre la main. Un pari audacieux dont l’issue reste incertaine.
Cette visite est un signal fort de notre volonté de contribuer à la stabilité de la région et à la résolution des crises
Une source diplomatique française
Au-delà de l’enjeu sécuritaire, ce voyage est aussi l’occasion pour la France de défendre ses intérêts économiques dans un pays avec lequel elle entretient d’importants contrats, notamment dans le domaine de l’armement et de l’énergie. Mais en misant sur MBS, Paris prend le risque de s’exposer aux critiques sur la question des droits de l’Homme.
Un test pour la diplomatie française
À l’heure où les États-Unis semblent se désengager du Moyen-Orient, cette visite est un test pour la capacité de la France à peser dans les équilibres régionaux. Entre réalisme géopolitique et défense des valeurs, Emmanuel Macron avance sur un fil, avec l’espoir de conforter le rang de la France dans un monde de plus en plus instable.
