Un voyage présidentiel chargé de sens. Emmanuel Macron se rendra en fin de semaine à Djibouti, principal point d’appui militaire français en Afrique, puis en Éthiopie voisine. L’objectif : réaffirmer l’engagement de la France dans une région hautement stratégique mais fragile.
Dîner de Noël avec les troupes à Djibouti
Première étape de ce déplacement, Djibouti accueillera le président français pour le traditionnel réveillon de fin d’année avec les militaires déployés sur place. Selon l’Élysée, Emmanuel Macron a choisi la base de Djibouti, qui compte 1500 soldats, pour « témoigner la reconnaissance de la nation » à ces femmes et hommes loin de leurs familles.
Sur place, un entretien est prévu avec le président djiboutien Ismaïl Omar Guelleh. Au menu des discussions : la situation sécuritaire en mer Rouge et dans la Corne de l’Afrique, marquée par les conflits en Somalie et au Soudan, ainsi que le partenariat de défense renouvelé en juillet entre Paris et Djibouti.
Djibouti, îlot de stabilité et carrefour stratégique
Petit pays de moins d’un million d’habitants coincé entre l’Éthiopie, l’Érythrée et la Somalie, Djibouti est un havre de stabilité dans une zone troublée. Sa situation à l’entrée sud de la mer Rouge, par où transite une part importante du commerce mondial, en fait un carrefour stratégique convoité.
La base de Djibouti est le plus gros contingent français à l’étranger et la seule à n’être pas concernée par la réduction de voilure historique prévue sur le continent africain.
– Source diplomatique
Outre un loyer dont le montant a fait l’objet d’âpres négociations, la France assure aussi la protection de l’espace aérien djiboutien. Une mission cruciale alors que les États-Unis et la Chine ont eux aussi établi des bases militaires dans ce petit territoire.
Escale en Éthiopie pour soutenir la paix
Samedi, cap sur l’Éthiopie voisine où le président Macron rencontrera le Premier ministre Abiy Ahmed. Au programme notamment, l’inauguration du Palais national, bâtiment historique rénové en partie grâce au soutien financier français.
Mais au-delà de ce geste symbolique, les deux dirigeants évoqueront surtout la situation encore fragile dans le nord de l’Éthiopie. Malgré un accord de paix signé en novembre 2022 pour mettre fin à deux ans d’une guerre dévastatrice dans la région du Tigré, les défis restent immenses pour ce pays, deuxième le plus peuplé d’Afrique.
Cette visite marque la volonté affichée d’Emmanuel Macron d’impulser de nouveaux partenariats africains, débarrassés du passif colonial qui a envenimé les relations de Paris avec ses anciennes colonies ces dernières années.
– Analyse d’un expert de l’Afrique de l’Est
En se rendant à Djibouti et en Éthiopie, deux pays qui n’ont pas été sous domination française, le président envoie un message clair. La France souhaite tourner la page des relations post-coloniales complexes pour bâtir des partenariats d’égal à égal, basés sur des intérêts stratégiques et économiques partagés.
Un test pour la nouvelle stratégie africaine de la France
Ce voyage est aussi l’occasion pour Emmanuel Macron de mettre à l’épreuve sa volonté de repenser en profondeur la présence française en Afrique. Après les revers subis ces dernières années au Sahel, marqués par une hostilité croissante des populations et une instabilité persistante malgré l’engagement militaire, Paris cherche à se repositionner.
En misant sur des États plus stables comme Djibouti et l’Éthiopie et en promouvant une approche plus équilibrée mêlant sécurité, diplomatie et développement, la France espère redorer son image et peser dans le jeu des influences sur le continent.
Mais la tâche s’annonce ardue tant la défiance s’est installée et la concurrence s’est accrue, de la Chine à la Russie en passant par la Turquie ou les pays du Golfe. Les prochains mois diront si ce virage stratégique porte ses fruits ou si la France peine à trouver sa place dans une Afrique en pleine mutation.