C’est une visite d’État aux enjeux multiples qui s’ouvre ce jeudi en Serbie. Le président français Emmanuel Macron entame un séjour de deux jours à Belgrade, avec un agenda chargé : consolider les liens bilatéraux, faire avancer le dossier de l’adhésion serbe à l’Union européenne, et potentiellement conclure un contrat majeur de vente d’avions de combat Rafale. Une visite qui pourrait marquer un tournant dans les relations entre Paris et Belgrade, mais aussi rebattre les cartes géopolitiques dans les Balkans.
Un partenariat stratégique en ligne de mire
Au cœur de cette visite : le renforcement des liens stratégiques entre la France et la Serbie. Belgrade, candidate à l’adhésion à l’UE, cherche à se rapprocher des pays européens tout en maintenant ses relations traditionnelles avec Moscou – un équilibre délicat depuis le début de la guerre en Ukraine. Paris voit dans ce rapprochement une occasion d’ancrer davantage la Serbie dans la sphère d’influence européenne.
Le point d’orgue pourrait être la signature d’un contrat portant sur la vente de 12 avions de combat Rafale à la Serbie. Un “énorme contrat” de plusieurs milliards d’euros, selon le président serbe Aleksandar Vucic, et un véritable tournant pour Belgrade qui renouvelle actuellement sa flotte aérienne majoritairement composée d’appareils russes. Au-delà de l’aspect financier, cette acquisition marquerait un pas supplémentaire vers l’Europe pour la Serbie.
“La Serbie pourrait devenir un membre du Club Rafale”
– Aleksandar Vucic, Président de la Serbie
L’épineuse question de l’adhésion à l’UE
Mais au-delà des questions de défense, c’est bien le processus d’adhésion de la Serbie à l’Union européenne qui sera au menu des discussions. La France soutient officiellement cette démarche, y voyant un moyen de consolider l’état de droit et le cadre démocratique en Serbie. Mais le chemin est encore long, comme l’ont montré les inquiétudes exprimées sur la régularité des dernières élections.
Emmanuel Macron devrait aussi aborder l’épineuse question des relations entre la Serbie et le Kosovo, dont l’indépendance proclamée en 2008 n’est toujours pas reconnue par Belgrade. Pour Paris, la normalisation de ces relations est une condition sine qua non à l’intégration européenne de la Serbie.
De la culture à l’intelligence artificielle
Au-delà des enjeux politiques et stratégiques, cette visite aura aussi une dimension culturelle et technologique. Les deux présidents se rendront notamment à Novi Sad, deuxième ville de Serbie, pour une visite de la galerie Matica Srpska et un échange sur l’intelligence artificielle – un domaine dans lequel la Serbie compte bien se faire une place.
De nouveaux accords de coopération pourraient également être signés dans les domaines de l’énergie, du traitement des eaux et de la santé, preuve de la volonté des deux pays d’approfondir leur partenariat sur tous les plans.
Un test pour la diplomatie française
Pour la France, cette visite est aussi un test de sa capacité à peser dans les Balkans, une région où elle a parfois été accusée d’être en retrait. Face aux influences russe, chinoise ou encore turque, Paris entend bien réaffirmer son engagement aux côtés des pays de la région qui ont vocation à rejoindre l’Union européenne.
Reste à voir si Emmanuel Macron parviendra à convaincre son homologue serbe de prendre clairement le parti de l’Europe. La vente des Rafale pourrait être un premier pas dans cette direction, mais il faudra plus qu’un contrat d’armement pour sceller un véritable partenariat stratégique entre Paris et Belgrade. C’est tout l’enjeu de cette visite qui sera scrutée de près, bien au-delà des frontières de la Serbie.