Il y a encore quelques mois, Emmanuel Macron semblait avoir un coup d’avance sur tous ses adversaires politiques. Mais depuis sa décision controversée de dissoudre l’Assemblée nationale, le président de la République ne cesse d’accumuler les revers. Retour sur une séquence politique inédite qui a vu le chef de l’État passer du statut de maître du temps à celui de dirigeant empêtré dans les crises.
Un pari à haut risque
C’est une décision qui a surpris tout le monde, y compris dans son propre camp. En choisissant de dissoudre l’Assemblée nationale comme l’y autorise l’article 12 de la Constitution, Emmanuel Macron pensait pouvoir rebattre les cartes à son avantage et retrouver une majorité plus large. Mais les électeurs en ont décidé autrement en envoyant à l’Assemblée nationale une majorité de députés hostiles au président.
C’est une dissolution qui restera dans les annales comme un immense fiasco politique.
Un ministre anonyme
Le résultat est sans appel. Non seulement Emmanuel Macron n’a pas obtenu la majorité espérée, mais il se retrouve en plus obligé de composer avec une Assemblée hostile où les oppositions sont en position de force. Une situation inédite sous la Vème République qui oblige le président à revoir complètement sa façon de gouverner.
Un pays paralysé
Privé de majorité absolue, l’exécutif doit maintenant composer avec les oppositions pour faire passer ses textes, une gageure dans un contexte aussi polarisé. Sans surprise, l’Assemblée a rejeté le premier texte proposé par le gouvernement, une réforme des retraites particulièrement clivante. Et le budget de l’État a été adopté par le biais d’un passage en force du gouvernement avec le très contesté article 49.3, déclenchant une motion de censure qui n’est pas passée loin de faire chuter le gouvernement.
- Les principaux projets de réformes du gouvernement sont aujourd’hui au point mort
- L’exécutif est contraint de négocier chaque texte dans un parlement fragmenté
- La menace d’une motion de censure plane en permanence sur le gouvernement
Englué dans une cohabitation à hauts risques, le pays semble tourner au ralenti, faute de majorités claires pour faire passer les réformes promises par le président. Une situation de blocage politique qui agace prodigieusement les Français et fait chuter la popularité d’Emmanuel Macron à des niveaux historiquement bas.
Quel avenir pour Macron ?
La question est maintenant sur toutes les lèvres : que peut encore faire Emmanuel Macron alors que son quinquennat semble déjà terminé, à peine deux ans après sa réélection ? Minoritaire au parlement, impopulaire dans l’opinion, le président paraît bien seul pour affronter les crises à répétition qui secouent le pays. Même ses soutiens les plus fidèles commencent à douter et à préparer l’après Macron en coulisses.
Pour tenter de reprendre la main, le chef de l’État multiplie les consultations avec les partenaires sociaux et les élus locaux. Il mise aussi sur son action internationale, de la guerre en Ukraine aux tensions avec la Chine, pour retrouver une stature présidentielle. Mais ces efforts paraissent dérisoires face à l’ampleur de la crise de régime qui frappe le pays.
Si Emmanuel Macron n’arrive pas à reprendre rapidement la main, il risque de devenir un président zombie pour la fin de son mandat.
Un cadre de la majorité
Englué dans les crises, privé de leviers d’actions, Emmanuel Macron semble aujourd’hui bien loin de l’image du jeune président conquérant et réformateur qu’il s’était forgé en 2017. À moins d’un sursaut politique improbable, c’est une fin de mandat en forme de chemin de croix qui s’annonce pour lui. De quoi s’interroger sérieusement sur son avenir politique au-delà de 2027.