Le gouvernement de Michel Barnier a été renversé mercredi, plongeant la France dans une nouvelle période d’incertitude politique. Face à cette situation, le président Emmanuel Macron a décidé de reprendre la main en menant des consultations avec les chefs des différents groupes parlementaires. L’objectif : former ce que le chef de l’État appelle un « gouvernement d’intérêt général », capable de rassembler au-delà des clivages traditionnels.
Des rencontres au sommet à l’Élysée
Dès ce vendredi matin, les dirigeants des groupes soutenant la majorité présidentielle sont attendus au palais présidentiel. Renaissance, le MoDem, Horizons ainsi que les Radicaux et l’UDI auront l’occasion de faire part de leurs attentes et de leurs propositions au président. Mais Emmanuel Macron ne s’arrêtera pas là puisqu’il recevra également des représentants de l’opposition.
À midi, ce sera au tour des chefs de file du Parti Socialiste d’être reçus à l’Élysée. Boris Vallaud et Patrick Kanner, qui dirigent les groupes PS à l’Assemblée et au Sénat, ainsi que le premier secrétaire Olivier Faure, pourront ainsi dialoguer directement avec le président. Une démarche surprenante alors que la gauche s’était unie au sein du Nouveau Front populaire pour s’opposer au gouvernement.
Les Républicains également consultés
Dans l’après-midi, Emmanuel Macron s’entretiendra avec les responsables des Républicains. Le parti de droite, qui n’a pas participé à la motion de censure mais s’est montré très critique envers l’action de l’exécutif, se retrouve ainsi courtisé par le président. Une situation étonnante quand on se souvient des propos très durs tenus par LR à l’encontre d’Emmanuel Macron pendant la campagne des législatives.
Les extrêmes laissées de côté
Si la plupart des forces politiques sont conviées à ces consultations, certaines brillent par leur absence. C’est notamment le cas du Rassemblement national, de la France insoumise ou encore des Écologistes et des communistes. Un choix assumé par l’Élysée qui souhaite manifestement isoler les partis considérés comme les plus radicaux. Une stratégie risquée alors que ces formations pèsent près d’un tiers des députés.
Emmanuel Macron veut reconstruire une majorité mais il ne peut pas faire comme si les millions d’électeurs de gauche et du RN n’existaient pas.
Un cadre de la NUPES
Un nouveau Premier ministre attendu dans les prochains jours
Si les consultations vont bon train, la question qui agite les couloirs de l’Assemblée reste celle de l’identité du prochain Premier ministre. Emmanuel Macron a promis de nommer quelqu’un « dans les prochains jours » mais les noms des favoris ne cessent de changer. Certains évoquent un profil issu de la société civile pour incarner le dépassement des clivages quand d’autres parient sur un retour d’anciennes figures comme Édouard Philippe.
Une seule certitude, les tractations vont se poursuivre tout au long du week-end pour tenter de bâtir un nouvel exécutif capable d’obtenir la confiance du Parlement. Un défi de taille alors que le président ne dispose plus de majorité absolue à l’Assemblée et que les oppositions restent déterminées à peser sur la politique gouvernementale. Les prochains jours s’annoncent donc décisifs pour l’avenir du quinquennat Macron.
Un agenda présidentiel chamboulé
Cette crise politique oblige le chef de l’État à revoir son agenda des prochains jours. Plusieurs déplacements prévus de longue date pourraient ainsi être annulés ou reportés le temps de trouver une issue. Emmanuel Macron devrait néanmoins maintenir sa participation à la réouverture de Notre-Dame samedi où de nombreuses personnalités sont attendues, dont éventuellement le président américain Donald Trump.
Les marchés financiers dans l’expectative
Les milieux économiques suivent également avec attention l’évolution de la situation politique française. Après être brièvement montée au-dessus des 2,5%, la prima de risque sur les obligations de l’État français est redescendue ce vendredi mais la prudence reste de mise. Les investisseurs attendent de connaître la composition du nouveau gouvernement et surtout son programme économique avant de se prononcer.
Que retenir de cette nouvelle séquence politique ?
- Un gouvernement renversé par une motion de censure transpartisane
- Des consultations présidentielles pour tenter de reconstruire une majorité
- Une main tendue vers le PS et LR mais un isolement assumé des extrêmes
- Un nouveau Premier ministre attendu dans les prochains jours
- Des oppositions déterminées à peser sur la politique gouvernementale
Une nouvelle page de ce quinquennat mouvementé est en train de s’écrire sous nos yeux. Emmanuel Macron joue là une partie décisive de son second mandat, lui qui avait fait de la recherche de compromis un marqueur de sa présidence. Réussira-t-il son pari d’un gouvernement d’ouverture sans renoncer à ses réformes? Rien n’est moins sûr tant les oppositions semblent déterminées à ne rien lâcher. Une chose est sûre, les prochaines semaines promettent d’être riches en rebondissements sur le plan politique.
Cette nouvelle crise démontre en tout cas la fragilité de notre système institutionnel dès lors que le président ne dispose plus d’une majorité claire à l’Assemblée. Un constat qui pourrait relancer le débat sur une évolution de nos institutions, Emmanuel Macron ayant lui-même évoqué une telle piste. Mais avant toute chose, le chef de l’État doit réussir son pari d’un gouvernement capable de rassembler au-delà des clivages partisans. Un sacré défi !