Au deuxième jour de sa visite d’État au Maroc, le président Emmanuel Macron a multiplié les gestes envers ce partenaire stratégique de la France. Devant le Parlement à Rabat, il a évoqué les sujets sensibles que sont l’immigration et le Sahara occidental, tout en proposant un nouveau “cadre stratégique” entre les deux pays. Retour sur les enjeux de ce déplacement crucial pour l’avenir des relations franco-marocaines.
Un “nouveau livre” pour les relations franco-marocaines
Tout un symbole : le président français a convié le roi Mohammed VI à signer un nouveau “cadre stratégique” bilatéral à Paris en 2025, à l’occasion du 70ᵉ anniversaire de l’indépendance du Maroc. Pour Emmanuel Macron, c’est “même un devoir stratégique” entre la France et le Maroc, mais aussi entre “l’Union européenne et le Maghreb et au-delà”. L’objectif : donner un nouvel élan à un partenariat historique, mais qui a connu des turbulences ces dernières années.
Le Sahara occidental, “cause nationale” du Maroc
Très attendu sur ce dossier sensible, Emmanuel Macron a réaffirmé que “le présent et l’avenir” du Sahara occidental, ex-colonie espagnole disputée entre le Maroc et les indépendantistes sahraouis, “s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine”. Un soutien apprécié par les élus marocains, mais critiqué par l’Algérie voisine qui a rappelé son ambassadeur à Paris.
“Cette position n’est hostile à personne”, a assuré Emmanuel Macron. “Nos opérateurs et nos entreprises accompagneront le développement de ces territoires au travers d’investissements, d’initiatives durables et solidaires au bénéfice des populations locales.”
Immigration : une “nouvelle coopération” nécessaire
Autre sujet épineux abordé : l’immigration illégale, au cœur de tensions récentes entre Paris et Rabat. Le président français a plaidé pour “une coopération naturelle et fluide en matière consulaire”, faisant allusion à la volonté de la France que le Maroc reprenne plus facilement ses ressortissants expulsés. “Nous avons besoin de davantage encore de résultats”, a-t-il insisté, évoquant aussi la lutte contre les trafics, en particulier le “narcotrafic”.
Pour rappel, la décision française de diviser par deux le nombre de visas accordés aux Marocains en 2021-2022 avait provoqué de vives tensions. Le nouveau gouvernement français s’est engagé à renouer le dialogue pour tirer les leçons des “erreurs du passé”.
Ouvrir “une nouvelle page”
Au-delà de ces sujets sensibles, la visite d’Emmanuel Macron vise surtout à insuffler une nouvelle dynamique dans les relations bilatérales. Coopération économique, partenariats culturels et éducatifs, lutte contre le terrorisme : les chantiers ne manquent pas pour approfondir les liens entre les deux rives de la Méditerranée. Comme l’a souligné le président français, il s’agit d'”écrire un nouveau livre ensemble pour répondre aux défis du XXIe siècle”.
Une ambition partagée par le Maroc, partenaire stratégique de longue date mais qui entend aussi diversifier ses alliances, notamment avec les puissances émergentes comme la Chine ou la Russie. Pour la France, l’enjeu est de taille : préserver son influence dans une région clé, à l’heure où les équilibres géopolitiques se recomposent.
La visite d’Emmanuel Macron ouvre donc un nouveau chapitre dans les relations franco-marocaines. Reste à voir si les deux pays sauront saisir cette opportunité pour bâtir un partenariat d’avenir, au-delà des aléas et des malentendus du passé. Un défi de taille, mais aussi une nécessité face aux défis communs qui les attendent.