Alors que le Soudan est déchiré par une guerre civile sanglante depuis plus d’un an, le président français Emmanuel Macron a lancé samedi un appel fort aux belligérants pour qu’ils déposent immédiatement les armes. Lors d’une visite dans la Corne de l’Afrique, il a martelé que la seule issue possible passe par « le cessez-le-feu, la négociation ».
Ce conflit fratricide qui ravage le Soudan depuis avril 2023 oppose l’armée régulière dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) de son adjoint devenu rival, le général Mohamed Hamdane Daglo. Les combats ont déjà fait des dizaines de milliers de morts et plus de 11 millions de déplacés, plongeant le pays dans une crise humanitaire sans précédent.
Un appel à « déposer les armes »
Face à cette tragédie, Emmanuel Macron a exhorté « les parties prenantes à déposer les armes et tous les acteurs régionaux qui peuvent jouer un rôle à le faire de façon positive, dans l’intérêt de la population qui a trop souffert ». Des propos tenus à l’issue d’un entretien avec le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, dont le pays jouxte le Soudan.
Le seul processus qui peut exister au Soudan, c’est celui du cessez-le-feu, de la négociation et de redonner toute sa place à la société civile.
Emmanuel Macron
Le chef de l’État a rappelé le rôle admirable joué par la société civile soudanaise lors de la révolution de 2019 qui a renversé l’ex-président Omar el-Béchir après 30 ans de dictature. Mais les espoirs nés de ce soulèvement populaire ont été douchés par le putsch militaire d’octobre 2021, prémisse de la guerre actuelle.
Le spectre d’une famine de grande ampleur
Au-delà des pertes humaines directes, ce conflit risque d’entraîner le Soudan dans l’une des pires crises alimentaires mondiales de l’Histoire récente. Selon l’ONU, environ 26 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population, sont déjà confrontées à une insécurité alimentaire aiguë. Une situation qui ne cesse d’empirer avec la poursuite des combats.
D’après les Nations unies, une aide d’urgence de 4,2 milliards de dollars est nécessaire pour subvenir aux besoins vitaux des Soudanais en 2025. Une somme colossale qui souligne l’ampleur de la catastrophe humanitaire en cours.
Le rôle clé des acteurs régionaux
Dans son intervention, Emmanuel Macron a souligné l’importance de l’engagement des pays voisins du Soudan pour faciliter un retour à la paix. L’Éthiopie, qui partage une longue frontière avec le Soudan, est particulièrement concernée par les retombées du conflit, avec l’afflux massif de réfugiés soudanais sur son territoire.
D’autres acteurs régionaux comme l’Égypte, l’Érythrée ou le Soudan du Sud sont également appelés à user de leur influence pour pousser les belligérants à la table des négociations. Une approche concertée apparaît indispensable pour sortir le Soudan de l’engrenage de la violence.
Un patrimoine culturel menacé
Au-delà du drame humain, la guerre civile met aussi en péril le riche patrimoine historique et culturel du Soudan. Situé au cœur des combats dans la capitale Khartoum, le musée national qui abrite des trésors archéologiques inestimables est particulièrement menacé. Sa directrice craint le pire si les affrontements se poursuivent.
Pour d’autres sites du patrimoine soudanais, il est déjà trop tard. Certains musées et monuments ont été pillés ou détruits lors de combats, effaçant des pans entiers de l’Histoire du pays. Une perte irréparable pour les générations futures.
La communauté internationale se mobilise
Face à l’urgence de la situation, la communauté internationale tente de se mobiliser pour venir en aide au peuple soudanais. Une conférence internationale co-organisée par la France, l’Allemagne et l’Union européenne s’est tenue lundi à Paris pour coordonner les efforts d’assistance.
La situation est vraiment dramatique au Darfour. Les besoins humanitaires sont immenses et l’accès reste un défi majeur en raison de l’insécurité.
Claire Nicolet, responsable des urgences chez Médecins Sans Frontières, présente à la conférence de Paris
Si l’enjeu immédiat est de répondre à la crise humanitaire, l’objectif à long terme reste de ramener la paix au Soudan. Un défi de taille alors que les combats continuent de faire rage et que les positions des belligérants semblent pour l’heure inconciliables.
Mais comme l’a rappelé Emmanuel Macron, il n’y a pas d’autre alternative qu’un cessez-le-feu immédiat et des négociations inclusives pour reconstruire le Soudan. Un message qu’il faudra marteler sans relâche pour que les armes se taisent enfin et que l’espoir renaisse pour les millions de Soudanais pris au piège d’une guerre qui n’en finit pas.