Alors que le secteur aérien peine encore à se remettre des turbulences causées par la pandémie, un nouveau défi sécuritaire vient perturber les compagnies. Suite aux attentats à la bombe utilisant des bipeurs qui ont secoué le Liban à la mi-septembre, la compagnie Emirates, poids lourd du Moyen-Orient, a décidé de prendre le taureau par les cornes. Exit les bipeurs et talkies-walkies des bagages des passagers ! Une mesure radicale, mais jugée nécessaire pour assurer la sérénité à bord de ses appareils.
Un cauchemar nommé “bipeur”
Le 17 septembre dernier, le Liban a été le théâtre de tragiques explosions simultanées impliquant des bipeurs, ces petits boîtiers servant à recevoir messages et alertes. Utilisés par le Hezbollah, puissant mouvement chiite soutenu par l’Iran, ces appareils, dont certains étaient piégés, ont semé la mort et la désolation. Des dizaines de victimes et des milliers de blessés, tel est le lourd bilan de ces attaques, dont la responsabilité a été imputée à Israël, ennemi juré de l’organisation islamiste.
Face à ce nouveau mode opératoire terroriste, les autorités aériennes ont rapidement réagi. Et Emirates, la compagnie de Dubaï, n’a pas tardé à emboîter le pas. Bipeurs et talkies-walkies sont désormais personae non gratae à bord de ses avions, que ce soit en cabine ou en soute.
Une décision forte pour des voyages sereins
Si la mesure peut paraître draconienne, elle se veut avant tout rassurante pour les passagers. Dans un communiqué, Emirates justifie sa décision par la volonté de “préserver la sécurité et la tranquillité” à bord de ses appareils. Une façon aussi de se prémunir contre d’éventuelles actions malveillantes qui pourraient ternir son image et affecter son activité.
La sécurité de nos passagers et de nos équipages est notre priorité absolue. Nous ne transigerons jamais là-dessus.
– Un porte-parole d’Emirates
Concrètement, les voyageurs devront laisser leurs précieux bipeurs au sol, sous peine de se les voir confisquer au moment des contrôles de sécurité. Une contrainte supplémentaire, certes, mais un mal nécessaire pour voler l’esprit tranquille. Et Emirates n’est sans doute que la première d’une longue série de compagnies à franchir le pas.
Vers une généralisation des restrictions ?
Car au-delà d’Emirates, c’est tout le secteur aérien qui est en alerte. Si les bipeurs sont dans le collimateur, d’autres appareils électroniques pourraient aussi être concernés par des mesures restrictives. La crainte : que les groupes terroristes ne rivalisent d’ingéniosité pour transformer nos gadgets high-tech en redoutables armes.
Déjà échaudées par les tentatives d’attentats aux explosifs liquides ou aux ordinateurs portables piégés, les compagnies pourraient être tentées de resserrer encore la vis. Avec le risque de transformer nos voyages en parcours du combattant et de saper un peu plus le plaisir de prendre l’avion.
Un équilibre délicat entre sécurité et liberté
Mais jusqu’où pourront aller les restrictions sans altérer notre liberté de voyager ? C’est tout le dilemme auquel sont confrontées les autorités aériennes. D’un côté, l’impératif absolu de sécurité, de l’autre, la volonté de préserver l’agrément et la fluidité des déplacements.
Un équilibre fragile, qui exige de la concertation et de la pédagogie auprès des passagers. Car si la sécurité n’a pas de prix, elle a parfois un coût en termes de contraintes et de sacrifices. Un coût que les voyageurs sont généralement prêts à accepter, pourvu qu’il soit justifié et proportionné.
L’interdiction des bipeurs par Emirates est un premier pas dans cette direction. Une mesure forte, mais nécessaire pour s’adapter à une menace évolutive. Reste à savoir si elle sera suivie par d’autres compagnies et si elle suffira à endiguer la créativité macabre des terroristes.
Une chose est sûre : dans le grand théâtre aérien, la sécurité reste le premier rôle. Et il faudra plus que quelques restrictions pour entamer notre soif d’évasion et notre envie de voir du pays. Même si c’est parfois au prix de quelques sacrifices sur l’autel de la tranquillité.