Le multimilliardaire Elon Musk, tout juste nommé conseiller spécial de Donald Trump, fait une entrée fracassante dans l’arène politique. Dans une tribune publiée mercredi dans le Wall Street Journal, il détaille pour la première fois son projet de réforme «radicale» de l’État fédéral américain. Au menu : des licenciements massifs de fonctionnaires, des coupes budgétaires drastiques et une vague de dérégulation. Un véritable séisme qui pourrait bien redéfinir le rôle et le périmètre de l’État.
Une «Commission à l’Efficacité Gouvernementale» pour faire le ménage
Pour mener à bien cette refonte ambitieuse, Elon Musk va diriger aux côtés de l’homme d’affaires Vivek Ramaswamy une toute nouvelle «Commission à l’Efficacité Gouvernementale». Son objectif : identifier les régulations et les dépenses jugées superflues pour les supprimer.
Le patron de Tesla et SpaceX s’appuie notamment sur de récentes décisions de la Cour suprême, devenue majoritairement conservatrice sous l’ère Trump, suggérant que de nombreuses régulations fédérales pourraient être suspendues par décret présidentiel. Une aubaine pour le camp républicain qui rêve de réduire le poids de l’administration.
Des licenciements massifs en perspective
Mais la mesure la plus spectaculaire concerne sans doute les effectifs de la fonction publique. Elon Musk promet ni plus ni moins que des «réductions massives d’effectifs dans la bureaucratie fédérale». Les fonctionnaires licenciés se verront toutefois proposer une aide pour leur transition vers le privé ou des conditions de départ «décentes».
Le milliardaire suggère également de revenir sur le télétravail, largement étendu depuis la pandémie, ce qui selon lui «entraînerait une vague bienvenue de départs volontaires». Des propos qui risquent de faire grincer des dents les syndicats de fonctionnaires.
500 milliards de dollars d’économies en vue
Au rayon des coupes budgétaires, Elon Musk avance le chiffre impressionnant de «500 milliards de dollars minimum» qui pourraient être économisés rapidement. Il cible notamment les subventions à l’audiovisuel public ou aux organisations «progressistes» comme le Planning Familial.
Des économies substantielles qui seraient les bienvenues pour réduire le déficit abyssal des États-Unis. Mais là encore, la pilule risque d’être difficile à avaler pour les démocrates et une partie de la société civile.
Cap sur le 250e anniversaire de l’Indépendance
Elon Musk et Vivek Ramaswamy se veulent des «entrepreneurs» et non des «politiciens». Leur mission doit s’achever le 4 juillet 2026, date du 250e anniversaire de la Déclaration d’Indépendance américaine.
Nous faisons les choses différemment. Nous sommes des entrepreneurs, pas des politiciens. (…). Nous taillerons dans les coûts.
– Elon Musk et Vivek Ramaswamy dans le Wall Street Journal
Un timing loin d’être anodin, les deux hommes se posant en héritiers des Pères Fondateurs face à une bureaucratie tentaculaire. Un discours qui devrait parler à la base trumpiste.
Des réactions contrastées
Sans surprise, cette annonce a suscité des réactions pour le moins contrastées. Les partisans d’un état réduit applaudissent ce grand coup de balai, y voyant l’opportunité historique d’un «new deal» pour l’Amérique. Ils saluent le pragmatisme d’Elon Musk et espèrent des résultats rapides.
À l’inverse, les défenseurs des services publics s’alarment d’un démantèlement sans précédent de l’État fédéral. Ils craignent une dégradation de la qualité des services, notamment pour les plus précaires, et un impact négatif sur l’économie. Certains dénoncent une idéologie ultra-libérale servant avant tout les plus riches.
Vers une vague de protestations ?
Reste à voir comment ces réformes seront mises en œuvre concrètement et quelles résistances elles rencontreront. Déjà, d’après une source proche de certains syndicats de fonctionnaires, la grogne monterait et des mouvements de protestation seraient en préparation.
Donald Trump et Elon Musk jouent gros avec ce projet. S’ils parviennent à leurs fins, ils auront réussi un des plus grands virages idéologiques de l’histoire récente des États-Unis. Mais s’ils échouent ou vont trop loin, le contrecoup politique pourrait être sévère.
Une chose est sûre, en nommant Elon Musk à ce poste, le Président élu envoie un message fort. Celui d’une radicalité assumée et d’une volonté de changement à marche forcée, quitte à brusquer l’establishment de Washington. De quoi inaugurer un nouveau style de gouvernance. États-Unis, préparez-vous au changement façon Elon Musk !