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Elon Musk Soutient L’AfD Avant Les Élections Allemandes

Le soutien choc d'Elon Musk au parti d'extrême droite allemand AfD à deux mois des élections anticipées sème le trouble. Le milliardaire s'immisce dans la campagne, suscitant l'ire du gouvernement. Quelles conséquences sur le scrutin de février ?

L’Allemagne est sous le choc. À deux mois des élections législatives anticipées, l’homme le plus riche du monde a jeté un pavé dans la mare en apportant son soutien au parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD). Sur sa plateforme X, l’ex-Twitter, Elon Musk a déclaré sans ambages : « Seule l’AfD peut sauver l’Allemagne ». Une prise de position fracassante qui sème le trouble dans le paysage politique allemand.

Elon Musk, le trublion des élections allemandes

Le milliardaire américain, proche de Donald Trump, ne cache plus ses sympathies pour les partis populistes européens. En s’immisçant de facto dans la campagne électorale allemande, il franchit un nouveau cap. Son ingérence suscite l’ire de la classe politique, à commencer par le chancelier Olaf Scholz, candidat à sa réélection :

La liberté d’expression vaut aussi pour les milliardaires. Mais cela ne signifie pas que l’on peut dire des choses qui ne sont pas justes et qui ne sont pas de bons conseils politiques.

Olaf Scholz, chancelier allemand

Un soutien embarrassant pour le gouvernement

Ce n’est pas la première fois qu’Elon Musk commente la politique allemande. En novembre dernier, après l’éclatement de la coalition gouvernementale, il avait qualifié Olaf Scholz de « fou ». L’été dernier, avant les élections régionales dans l’ex-RDA où l’AfD a réalisé des scores historiques, il avait estimé que les positions du parti ne lui semblaient pas « d’extrême droite ».

Face à ces ingérences répétées, l’inquiétude grandit au sein du gouvernement. Le secrétaire général du SPD, le parti d’Olaf Scholz, a mis en garde contre toute immixtion extérieure dans la campagne. « Stay out, Elon », a-t-il lancé en anglais au milliardaire. Un eurodéputé conservateur a même qualifié Elon Musk de « menace », le comparant à Trump, Farage et Poutine.

L’AfD jubile, l’Allemagne s’inquiète

Du côté de l’AfD en revanche, c’est l’euphorie. Dans une vidéo postée sur X, Alice Weidel, cheffe de file du parti, a remercié chaleureusement Elon Musk pour son soutien, lui souhaitant, ainsi qu’à Donald Trump, « le meilleur pour le prochain mandat ». Un message lourd de sens à deux mois du scrutin.

Car l’AfD est en pleine dynamique. Créditée d’environ 19% des intentions de vote, elle talonne les 15% du SPD au pouvoir dans les sondages. Certes, tous les autres partis excluent de gouverner avec elle. Mais son influence grandissante inquiète dans un pays où le spectre de l’extrémisme reste un traumatisme.

Une influence grandissante des milliardaires en politique

Au-delà du cas allemand, le soutien d’Elon Musk à l’AfD illustre la montée en puissance des milliardaires en politique. Propriétaire de Tesla, qui a implanté une gigantesque usine près de Berlin, l’homme le plus riche du monde a les moyens de peser sur les débats.

Ses tweets ont déjà fait tanguer les marchés financiers et les cours des cryptomonnaies. Ses positions libertariennes et anti-establishment trouvent un écho chez une partie de l’opinion. En multipliant les sorties controversées, il bouscule le jeu politique traditionnel.

L’Europe face au défi de la régulation des réseaux

Face à ces interventions intempestives, les autorités peinent à réagir. Interrogée sur une éventuelle action de Berlin auprès de la Commission européenne, la porte-parole d’Olaf Scholz est restée évasive, renvoyant à la loi européenne sur les services numériques qui encadre le comportement des plateformes lors des élections.

Mais cette législation suffira-t-elle face à des acteurs aussi puissants qu’Elon Musk ? Le milliardaire, qui doit occuper des fonctions officielles dans la future administration Trump, semble déterminé à peser de tout son poids dans le débat public mondial. Un défi colossal pour la régulation des réseaux sociaux et la préservation des processus démocratiques.

Quel avenir pour la démocratie allemande ?

À deux mois du scrutin, une chose est sûre : le soutien d’Elon Musk à l’AfD a rebattu les cartes de la campagne électorale allemande. Il donne une visibilité inédite à un parti jusqu’ici ostracisé pour ses positions extrêmes. Il questionne aussi la solidité des digues démocratiques face aux vents populistes qui agitent l’Europe.

Pour le gouvernement Scholz, c’est un défi de taille. Comment réaffirmer son autorité et rassurer les citoyens face à ces ingérences extérieures ? Comment éviter une poussée de l’extrême droite sans paraître anti-démocratique ? L’enjeu n’est pas seulement électoral. C’est l’avenir du modèle politique allemand qui se joue.

Une chose est sûre : dans un monde hyperconnecté où les tweets d’un milliardaire peuvent ébranler une démocratie, rien n’est plus comme avant. L’affaire Elon Musk-AfD restera comme un tournant. Celui d’une nouveau type d’ingérence, à mi-chemin entre soft power et cyberactivisme, qui interroge nos vulnérabilités collectives. Reste à savoir quelle réponse l’Allemagne, et l’Europe, sauront apporter à ce nouveau défi. Les élections de février seront un premier test grandeur nature.

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