Imaginez un monde où vous n’avez plus jamais besoin de travailler pour vivre. Un monde où robots et intelligences artificielles produisent tout ce dont l’humanité a besoin, en abondance totale. Dans ce monde-là, qu’advient-il de l’argent ? Elon Musk, encore lui, vient de donner sa réponse : il risque de disparaître purement et simplement.
Quand l’abondance rend l’argent inutile
Cette vision n’est pas sortie de nulle part. Lors d’un long échange avec l’entrepreneur indien Nikhil Kamath, le patron de Tesla et SpaceX a développé une idée qui fait frissonner autant qu’elle fascine : dès que l’IA et la robotique seront capables de satisfaire tous les besoins humains, le concept même de monnaie perdra son sens premier.
Pourquoi ? Parce que l’argent, dans son essence, n’est qu’un outil d’allocation du travail humain rare. Tant que produire nécessite des heures de sueur, nous avons besoin d’un système pour répartir équitablement (ou pas) ces efforts. Mais quand des machines infatigables font tout, mieux et plus vite… l’équation change radicalement.
« Si l’IA et la robotique sont assez puissantes pour satisfaire tous les besoins humains, alors l’argent… sa pertinence décline dramatiquement. »
Elon Musk, décembre 2025
La référence qui a marqué Musk : la série Culture de Iain M. Banks
Pour illustrer son propos, Musk cite souvent la saga de science-fiction Culture de l’auteur écossais Iain M. Banks. Dans cet univers, l’humanité (et d’autres espèces) vit dans une société post-scarcité totale gérée par des intelligences artificielles bienveillantes appelées les « Mentaux ». Là-bas, personne ne travaille, personne ne manque de rien, et l’argent n’existe tout simplement pas.
Vous voulez une planète ? Un Mental vous la construit en quelques mois. Un vaisseau spatial gigantesque ? Il vous le fabrique sur mesure. Le seul « luxe » restant est l’espace lui-même et… l’énergie nécessaire pour tout faire fonctionner.
L’énergie, la seule vraie monnaie qui survivra
Et c’est là qu’arrive le twist génial de Musk. Même dans un monde d’abondance absolue, une ressource restera limitée et précieuse : l’énergie. Vous ne pouvez pas créer de l’énergie à partir de rien. Vous ne pouvez pas non plus la légiférer.
« Vous ne pouvez pas légiférer l’énergie. Vous ne pouvez pas juste voter une loi et hop, soudain vous avez des térawatts en plus. »
Elon Musk
Or, qu’est-ce que Bitcoin, dans son mécanisme fondamental ? Une monnaie numérique dont la création et la sécurité reposent directement sur… la consommation d’énergie réelle via le proof-of-work. Chaque bitcoin miné représente des kilowattheures brûlés, des cartes graphiques ou des ASIC qui ont tourné, des fermes solaires ou hydrauliques qui ont fourni le jus.
En d’autres termes : Bitcoin est déjà une forme de monnaie énergétique. Et dans le futur décrit par Musk, cela en ferait potentiellement le dernier bastion de valeur objective.
Pourquoi le proof-of-work est un atout, pas un défaut
On entend souvent que Bitcoin « gaspille » de l’énergie. Musk renverse totalement la perspective : ce récit : cette consommation n’est pas un bug, c’est une feature.
Dans un monde où tout le reste devient virtuellement gratuit, transformer de l’énergie (rare) en actif numérique (scarce et fongible) devient une opération presque alchimique. C’est convertir la seule ressource qui restera limitée en un bien stockable, transportable à la vitesse de la lumière, et impossible à confisquer sans les clés privées.
En résumé : Bitcoin ne « consomme » pas de l’énergie. Il la stocke sous forme monétaire décentralisée.
Un calendrier encore très flou
Attention : Musk ne dit pas que cela arrivera demain. Nous sommes encore très loin d’une robotique capable de remplacer 100 % du travail humain. Les usines Tesla tournent encore avec des milliers d’ouvriers, et Optimus, le robot humanoïde, en est à ses premiers pas hésitants.
Mais la trajectoire est claire : chaque année, les robots deviennent plus polyvalents, les IA plus puissantes. Et chaque avancée rapproche un peu plus ce point de bascule où la rareté artificielle de l’argent fiat deviendra absurde face à l’abondance réelle.
Et les monnaies fiat dans tout ça ?
Tant que nous restons dans un monde de rareté, les monnaies nationales garderont leur rôle. Elles servent à payer salaires, impôts, emprunts, commerce international. Mais leur légitimité repose sur la contrainte légale (« cours légal ») et la confiance dans les États.
Dans le scénario de post-scarcité, cette confiance risque de s’effriter. Pourquoi accepter des euros ou des dollars créés à l’infini si plus personne n’a besoin de vendre son temps pour vivre ? Le lien entre travail et survie étant rompu, le contrat social monétaire actuel pourrait voler en éclats.
Bitcoin comme assurance contre l’effondrement monétaire classique
C’est peut-être là le message caché de Musk. En possédant du Bitcoin dès aujourd’hui, on ne se positionne pas seulement sur une « crypto spéculative ». Il achète une forme d’assurance contre un futur où les monnaies traditionnelles pourraient perdre toute utilité pratique.
Dans ce futur, celui qui contrôle l’énergie (solaire, fusion, géothermie…) contrôlera la vraie richesse. Et celui qui aura transformé cette énergie en bitcoins avant tout le monde aura littéralement « cristallisé » de la valeur pour les siècles à venir.
Les critiques habituelles restent valables… pour l’instant
Bien sûr, les arguments écologiques contre le minage Bitcoin ne disparaissent pas du jour au lendemain. Tant que l’énergie reste majoritairement carbonée, le débat subsiste.
Mais la tendance est déjà là : les mineurs migrent massivement vers les renouvelables ou les zones où l’électricité est excédentaire (barrages islandais, gaz torché au Texas, géothermie au Salvador…). Dans un monde où l’énergie deviendra la priorité absolue, ces contraintes pourraient même accélérer la transition verte.
Conclusion : vers un nouveau paradigme monétaire
Elon Musk ne fait pas que spéculer sur le cours du Bitcoin. Il pose une question philosophique profonde : quand la technologie rendra le travail humain obsolète, quel système de valeur restera pertinent ?
Sa réponse est claire : celui qui sera ancré dans la réalité physique ultime, l’énergie, et non dans la confiance politique. Et aujourd’hui, une seule monnaie numérique remplit déjà ce critère : Bitcoin.
Que l’on soit en 2025 ou en 2050, cette réflexion mérite d’être prise au sérieux. Car si Musk a raison, nous ne sommes pas simplement en train de vivre une « bulle crypto ». Nous assistons peut-être à la naissance du dernier système monétaire dont l’humanité aura réellement besoin.
Et vous, pensez-vous que l’argent disparaîtra un jour ?
Ou Bitcoin deviendra-t-il la monnaie éternelle de l’ère post-humaine ?









