Le magnat de la tech Elon Musk vient une nouvelle fois de déclencher une tempête en Europe avec ses propos sulfureux sur la liberté d’expression. Alors que le milliardaire prône une libéralisation totale de la parole sur les réseaux sociaux, de nombreux responsables européens montent au créneau pour dénoncer ce qu’ils perçoivent comme une menace pour la démocratie. Un consensus semble se former pour museler X, le réseau social d’Elon Musk. Mais cette réaction épidermique ne risque-t-elle pas d’étouffer l’innovation sur le Vieux Continent ?
L’Europe vent debout contre la vision de la liberté selon Musk
Les récentes sorties d’Elon Musk sur la nécessité d’une liberté d’expression sans entraves ont fait bondir de nombreux dirigeants européens. D’après des sources proches des institutions de l’UE, un véritable front commun serait en train de se constituer pour contrer ce qui est perçu comme une dérive dangereuse. L’ancien commissaire européen Thierry Breton, connu pour ses passes d’armes avec le fantasque entrepreneur, serait en première ligne pour orchestrer la riposte.
Nous ne pouvons pas laisser une poignée de milliardaires libertariens mettre en péril nos démocraties et nos valeurs européennes au nom d’une conception absolutiste de la liberté d’expression.
Un haut responsable européen sous couvert d’anonymat
X (ex-Twitter) dans le viseur des régulateurs
Le réseau social X, racheté par Elon Musk fin 2022, cristallise toutes les inquiétudes. Plusieurs pays européens envisageraient des mesures allant jusqu’à l’interdiction pure et simple de la plateforme si elle ne se plie pas aux exigences de modération définies par l’UE. Une perspective qui fait déjà jubiler certains, à l’image de cet eurodéputé qui confie sous le sceau de l’anonymat :
Elon Musk doit comprendre qu’il ne peut pas imposer sa loi en Europe. S’il persiste dans sa vision délirante, nous n’hésiterons pas une seconde à couper X.
Le spectre d’un « ministère de la Vérité »
Mais cette promptitude à vouloir réguler, voire carrément interdire un réseau social, ne fait pas l’unanimité. Des voix discordantes mettent en garde contre les dérives d’une Europe moralisatrice et donneuse de leçons, qui risquerait d’étouffer dans l’œuf toute tentative d’innovation. C’est le sens de la tribune publiée par un essayiste européen de renom :
En voulant imposer sa vision étriquée de la liberté d’expression, l’Europe ne devient-elle pas ce qu’elle prétend combattre ? Un « ministère de la vérité » tentaculaire et liberticide, qui n’a plus rien à envier à la censure chinoise ou russe.
L’Europe peut-elle se passer des réseaux sociaux ?
Au-delà de ces considérations philosophiques, la croisade anti-Musk de l’Europe soulève une question très concrète : le Vieux Continent a-t-il les moyens de se priver des services des géants américains de la tech ? Alors que les réseaux sociaux sont devenus le nouveau champ de bataille de l’influence géopolitique et économique, l’Europe peut-elle vraiment se permettre de rester sur la touche ? Un expert en cyberstratégie met en garde :
En bannissant des plateformes comme X, l’Europe prend le risque de se tirer une balle dans le pied. Dans la guerre de l’information qui fait rage, ce serait offrir sur un plateau la victoire aux puissances rivales.
Musk, le trublion qui bouscule le consensus européen
Elon Musk aura en tout cas réussi son pari : bousculer le ronronnant consensus européen sur les sujets numériques. Quoi qu’on pense du personnage et de ses méthodes, force est de constater qu’il a le mérite de poser les questions qui dérangent. La liberté d’expression est-elle compatible avec la vision d’une Europe forteresse, arc-boutée sur la préservation de son logiciel de valeurs ? Comment concilier innovation et régulation ? Faut-il laisser la voie libre aux géants de la Silicon Valley au nom du réalisme économique, ou camper sur les principes au risque de décrocher ?
Autant de questionnements vertigineux auxquels l’Europe devrait urgemment s’atteler, au lieu de s’enfermer dans une posture moralisatrice. Car s’il y a bien un enseignement à tirer de l’affaire Musk, c’est que le débat sur la tech ne peut plus être confisqué par une petite élite bruxelloise déconnectée des réalités. C’est l’avenir de notre modèle de société qui est en jeu. Il est temps d’en discuter collectivement.