À deux mois des élections législatives allemandes, une polémique enfle autour des ingérences répétées du milliardaire américain Elon Musk dans la campagne électorale. Le chancelier Olaf Scholz et son vice-chancelier Robert Habeck ont fermement dénoncé le soutien appuyé et continu de Musk au parti d’extrême droite AfD (Alternative pour l’Allemagne).
Dans son allocution du Nouvel An, le chancelier social-démocrate a tenu à rappeler que ce sont les citoyens qui décident du résultat des urnes, et non « les propriétaires des réseaux sociaux ». Il a insisté sur le fait que l’issue du scrutin sera déterminée par « la grande majorité des personnes décentes et raisonnables » plutôt que par « celui qui crie le plus fort ».
Habeck fustige la « logique » et le « système » d’Elon Musk
De son côté, le vice-chancelier écologiste Robert Habeck, a vivement critiqué dans son message du Nouvel An la « logique » et le « système » érigés par le patron de Tesla et Twitter. Selon lui, « Musk renforce ceux qui affaiblissent l’Europe » car « une Europe faible est dans l’intérêt de ceux pour qui la réglementation constitue une limite inappropriée à leur pouvoir ».
L’embarras est palpable en Allemagne face à l’influence grandissante que semble prendre le multimilliardaire, pressenti pour occuper un poste clé au sein du futur gouvernement Trump. Musk a récemment qualifié l’AfD de « dernière lueur d’espoir » pour l’Allemagne dans une tribune publiée par le quotidien Welt. Il a ensuite réitéré son soutien au parti d’extrême droite en prédisant sur Twitter, sous le pseudonyme Kekius Maximus, que l’AfD allait « remporter une victoire épique » aux élections.
L’AfD en hausse dans les sondages
Un récent sondage Insa crédite effectivement l’AfD de 20,5% des intentions de vote, la plaçant en deuxième position derrière l’opposition conservatrice à 31%. Le parti d’extrême droite enregistre une nette progression par rapport aux précédentes enquêtes d’opinion.
Elon Musk a également suscité l’indignation en qualifiant le président allemand Frank-Walter Steinmeier de « tyran anti-démocratique », en réaction à une fausse affirmation relayée par une influenceuse pro-AfD selon laquelle le chef de l’État s’apprêtait à annuler les résultats des élections. Vendredi dernier, le président avait justement mis en garde contre « l’influence extérieure » qui représente selon lui « un danger pour la démocratie », visant implicitement l’activisme de Musk sur Twitter.
Une ingérence électorale ouverte et intensive
D’après des sources proches du gouvernement, la prise de position publique des dirigeants allemands vise à contrer l’impact des tweets de Musk sur l’électorat. Ses déclarations sont perçues comme une ingérence électorale « ouverte et non dissimulée » et d’une intensité rarement observée jusqu’ici.
Cette polémique révèle les craintes des autorités face à l’influence potentielle des réseaux sociaux et de leurs propriétaires sur les grands scrutins démocratiques. L’Allemagne n’est pas la seule concernée : d’autres pays européens s’inquiètent de voir des acteurs étrangers, en particulier les géants de la tech, peser sur leurs processus électoraux.
Alors que la campagne pour les législatives de septembre entre dans sa dernière ligne droite, l’affaire Musk promet d’animer les débats et de soulever des questions cruciales sur l’encadrement nécessaire des ingérences extérieures. Une chose est sûre : le milliardaire américain, par ses sorties fracassantes, a d’ores et déjà réussi à s’imposer comme un acteur majeur et controversé de cette échéance électorale majeure outre-Rhin.
