Les élections fédérales allemandes, prévues pour fin février, sont déjà sous le feu des projecteurs. Mais cette fois, ce n’est pas seulement la campagne des différents partis politiques qui fait parler d’elle. Le milliardaire américain Elon Musk est accusé par le gouvernement allemand de tenter d’influencer le scrutin en apportant son soutien à un parti d’extrême droite, l’AfD (Alternative für Deutschland).
Un soutien qui ne passe pas inaperçu
Tout a commencé avec une tribune croisée publiée dans l’édition dominicale du journal conservateur libéral Die Welt. Elon Musk y affirme que l’AfD est « la dernière lueur d’espoir » pour l’Allemagne. Des propos choquants de la part du patron de Tesla et SpaceX, qui n’hésite pas à prendre position en faveur d’un parti surveillé par les autorités allemandes en raison de ses liens avec l’extrême droite.
Pour le gouvernement, l’affaire est claire : Elon Musk cherche à peser sur les élections. La porte-parole adjointe de l’exécutif, Christiane Hoffmann, a vivement réagi en conférence de presse :
Elon Musk essaie d’influencer les élections fédérales par ses déclarations.
Christiane Hoffmann, porte-parole adjointe du gouvernement allemand
Elle a rappelé que l’AfD était sous surveillance des services de renseignement intérieur en raison de soupçons pesants sur son orientation idéologique. Le soutien apporté par Elon Musk à ce parti s’apparente donc, aux yeux de Berlin, à une véritable ingérence électorale.
L’AfD, un parti qui divise
Fondé en 2013, l’AfD a connu une ascension fulgurante en surfant sur les crises migratoires et le mécontentement d’une partie de la population. Le parti a fait son entrée au Bundestag en 2017, devenant la principale force d’opposition. Mais ses positions radicales sur l’immigration et l’Islam, ainsi que les dérapages répétés de ses cadres, lui valent de nombreuses critiques.
Pour Elon Musk, la qualification de l’AfD comme parti d’extrême droite est « clairement fausse ». Une opinion loin d’être partagée par les autorités allemandes, qui voient d’un très mauvais œil cette tentative d’influence venue de l’étranger.
Une ingérence inédite
Si les prises de position d’Elon Musk sont souvent controversées, c’est la première fois qu’il intervient aussi directement dans une campagne électorale étrangère. Cette ingérence soulève de nombreuses questions sur le rôle des milliardaires et personnalités influentes dans le débat politique.
Avec ses 153 millions d’abonnés sur Twitter, rebaptisé X, l’homme le plus riche du monde dispose d’une plateforme de choix pour faire entendre sa voix. Mais jusqu’où peut aller cette influence ? Le gouvernement allemand a tenu à rappeler un principe fondamental :
La liberté d’expression comprend également les plus grandes absurdités.
Christiane Hoffmann, porte-parole adjointe du gouvernement allemand
Une manière de souligner que les déclarations d’Elon Musk, aussi choquantes soient-elles, relèvent malgré tout de sa liberté d’expression. Mais dans le contexte sensible d’une campagne électorale, cette ingérence venue des États-Unis passe mal.
Les enjeux des élections allemandes
Alors que l’AfD est créditée de 19% des intentions de vote dans les sondages, en deuxième position derrière l’opposition conservatrice (32%), la sortie d’Elon Musk tombe à point nommé pour le parti. Ce soutien inattendu pourrait bien rebattre les cartes à quelques semaines du scrutin.
Mais au-delà des polémiques, ce sont bien les enjeux de ces élections législatives qui priment. L’Allemagne fait face à de nombreux défis, de la guerre en Ukraine aux questions énergétiques en passant par la transition écologique. Des sujets cruciaux qui méritent un vrai débat de fond, loin de l’ingérence des milliardaires.
Quelle influence pour les milliardaires ?
Le cas Elon Musk illustre le poids grandissant des grandes fortunes dans la vie politique. Avec leur puissance financière et leur aura médiatique, les milliardaires ont les moyens d’orienter le débat public selon leurs intérêts. Une situation qui pose question pour la démocratie.
Car si la liberté d’expression est un droit fondamental, elle ne peut justifier une ingérence aussi directe dans les processus électoraux d’un pays souverain. Les électeurs allemands sont les seuls à même de décider de l’avenir de leur pays, sans influence extérieure.
L’affaire Elon Musk sera sans doute l’un des points chauds de cette campagne législative allemande. Elle illustre les nouveaux défis auxquels sont confrontées nos démocraties à l’heure des réseaux sociaux et de la mondialisation. Un débat qui ne fait que commencer.
