Lors d’une audition au Sénat américain, la future ambassadrice des États-Unis aux Nations unies, Elise Stefanik, a vivement dénoncé ce qu’elle considère comme une « gangrène antisémite » qui rongerait l’organisation internationale. Stefanik, une républicaine de New York âgée de seulement 40 ans, a été nommée à ce poste clé par le président Donald Trump.
Une fervente défenseure d’Israël
Connue pour ses positions ultra pro-israéliennes, Elise Stefanik a souvent fait parler d’elle en prenant la défense des juifs américains et d’Israël. Lors de son audition de confirmation devant la commission des Affaires étrangères du Sénat, elle a expliqué que c’est précisément cette « gangrène antisémite » à l’ONU qui l’a poussée à s’intéresser à ce poste :
Si vous regardez la gangrène antisémite au sein des Nations unies, il y a plus de résolutions visant Israël que contre tous les pays et crises confondus.
La future ambassadrice a également reconnu partager les vues de certains ministres israéliens d’extrême droite, qui estiment qu’Israël dispose d’un « droit biblique sur la Cisjordanie ». Interrogée sur le droit des Palestiniens à un État, Mme Stefanik a botté en touche, préférant réaffirmer son soutien indéfectible à l’État hébreu dans son conflit avec les Palestiniens.
Nominations controversées à l’ONU et en Israël
La nomination d’Elise Stefanik à l’ONU est intervenue le même jour que celle de Mike Huckabee, un proche des milieux israéliens procolonisation, au poste d’ambassadeur en Israël. Ce dernier avait d’ailleurs déclaré en 2017 que « la Cisjordanie occupée, ça n’existe pas », utilisant le terme biblique de « Judée et Samarie » pour désigner ce territoire palestinien.
Si leur confirmation par le Sénat, où les républicains sont majoritaires, ne devrait être qu’une formalité, ces nominations soulèvent néanmoins des inquiétudes quant à l’approche diplomatique des États-Unis sur ce dossier sensible.
Une élue trumpiste engagée contre l’antisémitisme
Élue à la Chambre des représentants en 2014, Elise Stefanik s’est rapidement imposée comme une fervente partisane de Donald Trump. Elle l’avait notamment défendu lors de sa première procédure de destitution en 2019, avant de refuser de certifier la victoire de Joe Biden à la présidentielle de 2020.
Fin 2023, Mme Stefanik avait également fait pression, avec d’autres élus républicains, pour obtenir la démission de trois présidentes de grandes universités américaines, dont Harvard. Elle les accusait de ne pas en avoir fait assez contre l’antisémitisme qui gangrènerait les campus depuis la guerre dans la bande de Gaza.
Cette prise de position lui avait valu les félicitations d’Israël, qui entretient des relations difficiles avec l’ONU, qualifiée à plusieurs reprises par Elise Stefanik d’organisation « croupissant dans l’antisémitisme ».
Un combat passionné aux accents communautaires
Si la lutte contre l’antisémitisme est un combat noble et nécessaire, la posture résolument pro-israélienne d’Elise Stefanik interroge quant à sa capacité à porter un regard équilibré sur le conflit israélo-palestinien et à œuvrer pour une paix juste et durable dans la région.
Sa propension à voir de l’antisémitisme partout, y compris dans les critiques légitimes de la politique israélienne, risque en effet de polariser davantage les débats et de rendre plus difficile encore la recherche d’une solution négociée.
Il reviendra donc à la diplomatie américaine, une fois Mme Stefanik et M. Huckabee en poste, de trouver le juste équilibre entre la défense des intérêts d’Israël et la prise en compte des aspirations palestiniennes. Un défi de taille, tant les positions semblent aujourd’hui irréconciliables et les esprits échauffés des deux côtés.
