L’année 2025 marquera-t-elle un tournant pour l’école française ? C’est ce que laisse présager l’arrivée d’Élisabeth Borne rue de Grenelle. En quelques semaines, la nouvelle ministre de l’Éducation nationale a pris le contrepied de son prédécesseur Gabriel Attal, enterrant le « choc des savoirs » au profit d’une « méthode Borne » jugée plus pragmatique.
4000 postes d’enseignants sauvés
Premier acte fort : la ministre a annoncé que la suppression programmée de 4000 postes d’enseignants n’aurait finalement pas lieu, comme l’a confirmé Matignon. Un renoncement qui détonne avec l’approche buldozer d’Attal, chantre du « choc des savoirs » depuis son arrivée au gouvernement en 2023.
La présentation de la répartition des moyens pour la rentrée 2025 a donné un aperçu plus net encore du changement de cap en cours :
- Évaluation systématique de l’efficacité des dispositifs avant toute décision
- Pragmatisme et « bon sens » érigés en boussole
- « Faire confiance aux équipes éducatives » sur le terrain
Expérimentations remises en cause
Concrètement, plusieurs mesures phares défendues par Gabriel Attal pourraient passer à la trappe. Les groupes de niveau, expérimentés dans des centaines de collèges, sont ainsi remis en cause. Même chose pour la réforme du brevet des collèges, qui devait conditionner le passage en seconde.
« Je ne veux pas de réforme purement idéologique. On évalue ce qui marche, et on avance. »
Élisabeth Borne, Le Parisien, 15/01/2025
Sans renier totalement l’héritage Attal, la ministre entend donc revenir à une approche « de terrain », au plus près des « vraies préoccupations des enseignants et des familles ». Exit les réformes spectaculaires et les éléments de langage, place au « pragmatisme » et à « l’humilité ».
Un calendrier chamboulé
Cette inflexion n’est pas sans conséquence sur le calendrier des réformes éducatives. Plusieurs chantiers sont reportés sine die, à commencer par la réforme du lycée professionnel, cheval de bataille de Gabriel Attal. La refonte des programmes, elle, devrait être repoussée d’au moins un an.
De quoi laisser du temps à Élisabeth Borne pour imposer son style et sa méthode. Avec un objectif affiché : remettre l’école sur les rails, loin des polémiques et des débats idéologiques. Un vaste programme qui s’annonce périlleux au regard du climat social tendu chez les enseignants. La partie ne fait que commencer.