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Électricité : le gouvernement freine la hausse des tarifs

Coup de théâtre sur le front de l'énergie : le gouvernement renonce à la hausse des tarifs d'électricité prévue en août. Une décision saluée pour son impact sur le pouvoir d'achat des ménages, dans un contexte d'inflation persistante. Mais quelles en seront les conséquences à long terme ?

Dans un contexte d’inflation persistante et de flambée des prix de l’énergie, une nouvelle était particulièrement redoutée par les ménages français : la hausse des tarifs réglementés de l’électricité, initialement prévue au 1er août 2024. Mais coup de théâtre : le gouvernement vient d’annoncer qu’il renonçait à cette augmentation tant décriée. Une décision surprise qui soulage les consommateurs, mais soulève aussi des questions sur ses réelles motivations et ses potentielles conséquences.

Bercy dit non à la hausse

C’est par la voix de la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) que la nouvelle est tombée ce lundi : les tarifs réglementés de vente de l’électricité n’augmenteront pas au 1er août comme initialement prévu. Le ministère de l’Économie a en effet fait savoir son refus de voir s’appliquer la hausse d’environ 1% décidée par le régulateur pour près de 22 millions de foyers et entreprises.

Bien que d’apparence modeste – 12€ par an en moyenne par ménage selon Bercy – cette augmentation intervenait dans un climat social tendu, encore marqué par la crise des gilets jaunes et la contestation de la réforme des retraites. Surtout, elle s’ajoutait aux 10% de hausse déjà appliqués en février dernier, lors de la sortie progressive du “bouclier tarifaire”, ce mécanisme mis en place par le gouvernement pour limiter l’envolée des factures en pleine flambée des cours du gaz et de l’électricité.

Une décision saluée, mais des questions en suspens

Si elle est unanimement saluée pour son impact immédiat sur le pouvoir d’achat, la décision de Bercy pose néanmoins question. Certains y voient en effet un geste politique à l’approche d’échéances électorales majeures, le gouvernement cherchant à donner des gages après des mois de contestation sociale. D’autant que cette hausse aurait dû être suivie d’une baisse bien plus conséquente en février 2025, de l’ordre de 10 à 15%.

Le ministère s’en défend, assurant rechercher avant tout la “lisibilité” et la “stabilité” des prix pour les consommateurs. Pas question pour autant de renoncer à l’évolution prévue des tarifs, qui vise notamment à assurer les lourds investissements nécessaires dans les réseaux électriques du pays.

Le gouvernement a demandé à la CRE de nouvelles propositions pour faire évoluer ces tarifs. Nous avons deux mois pour le faire.

Emmanuelle Wargon, présidente de la CRE

Vers un lissage dans le temps

Bercy va donc devoir s’atteler avec le régulateur à définir une nouvelle trajectoire d’évolution des tarifs réglementés. L’objectif : lisser dans le temps les variations, à la hausse comme à la baisse, pour éviter ces “effets yo-yo” difficilement compréhensibles pour les consommateurs.

Reste à savoir comment ce lissage sera opéré, et quel impact il aura à terme sur les factures. Car cette décision, si elle soulage les ménages à court terme, pourrait aussi avoir des conséquences à plus long terme, en retardant des hausses jugées inévitables par les spécialistes du secteur. Certains craignent aussi qu’elle ne fragilise les fournisseurs alternatifs, dont les tarifs de marché sont indexés sur ceux réglementés.

À ce stade, le gouvernement se veut rassurant, promettant que la future évolution des tarifs sera “cohérente” et guidée par l’intérêt des consommateurs. Une promesse qui sera scrutée de près, à l’aune de la future loi de programmation sur l’énergie et le climat que doit présenter la Première ministre Elisabeth Borne à la rentrée. Car au-delà des tarifs, c’est bien la politique énergétique du pays qui est en jeu.

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