En ce mardi de référendum, les Qataris se rendent aux urnes pour se prononcer sur une série d’amendements constitutionnels qui pourraient sonner le glas d’une brève expérience démocratique dans cet émirat du Golfe. Au cœur des débats : l’avenir du Majlis al-Choura, un organe législatif dont 30 des 45 membres avaient été élus pour la première fois en 2021, dans un scrutin historique voulu par l’émir Tamim ben Hamad al-Thani.
Une expérience électorale de courte durée
Organisées à peine un an avant la Coupe du monde de football, ces élections législatives devaient marquer un tournant dans la vie politique qatarie. Jusqu’alors, tous les membres du Majlis al-Choura, un conseil consultatif aux pouvoirs limités, étaient nommés par l’émir. Mais le scrutin de 2021 avait soulevé des questions épineuses, notamment sur les critères d’éligibilité des citoyens, suscitant des divisions au sein de la population.
Controverse autour du droit de vote
Seuls les Qataris dont les ancêtres résidaient déjà dans le pays en 1930 avaient eu le droit de voter et de se présenter comme candidats, excluant de facto les membres de tribus naturalisées plus récemment, comme la tribu al-Mourra. Cette restriction avait provoqué un certain mécontentement, créant parfois des disparités au sein même des familles.
Vers un retour au statu quo ante ?
Face à ces tensions, l’émir Tamim ben Hamad al-Thani a proposé dès octobre dernier de revenir à un Majlis al-Choura entièrement nommé, estimant avoir “tiré des conclusions” de cette expérience électorale. Le référendum de ce mardi vise donc à entériner ce choix, tout en ouvrant la possibilité pour tous les citoyens qataris, y compris naturalisés, d’occuper des fonctions ministérielles.
Chaque pays peut avoir son propre modèle, celui qui lui convient, qui convient à sa personnalité et à ses citoyens.
Saoud ben Khaled Al-Thani, membre éminent de la famille régnante
Quelle voie pour les réformes démocratiques ?
Si certains y voient un recul démocratique, d’autres soulignent la nécessité pour le Qatar de trouver sa propre voie, dans un contexte régional marqué par les soubresauts du printemps arabe. La stabilité politique semble prendre le pas sur les velléités de représentation populaire, même si le débat promet de se poursuivre.
Alors que le pays se prépare déjà aux prochaines élections municipales, prévues dans quatre ans, l’issue du référendum de ce mardi sera scrutée de près, tant elle en dit long sur les équilibres subtils à l’œuvre dans cette monarchie du Golfe, prise entre aspirations démocratiques et réalités géopolitiques.