Quelque 31 millions de Tanzaniens sont appelés aux urnes ce mercredi pour désigner leurs élus locaux lors d’un scrutin perçu comme un véritable test démocratique, sur fond de durcissement politique ces derniers mois. Plus de 80 000 représentants des villes, villages et quartiers doivent être choisis à travers le pays.
Il s’agit du premier rendez-vous électoral depuis l’arrivée au pouvoir de la présidente Samia Suluhu Hassan, qui a succédé en mars 2021 au très controversé John Magufuli, décédé subitement. Si elle avait initialement envoyé des signaux d’ouverture, autorisant notamment des médias muselés par son prédécesseur, l’opposition dénonce un retour en force des méthodes répressives à l’approche des échéances.
Une opposition muselée et des candidats disqualifiés
Principal parti d’opposition, Chadema a vivement critiqué l’éviction « injuste » d’un grand nombre de ses candidats. Selon son président Freeman Mbowe, la formation n’a pu présenter des candidatures que dans un tiers des circonscriptions, le parti au pouvoir CCM étant en lice partout.
M. Mbowe a lui-même été brièvement interpellé vendredi soir avec d’autres responsables de Chadema après la dispersion musclée d’un meeting. Le parti accuse également les forces de sécurité d’être impliquées dans la disparition de plusieurs membres et l’assassinat d’un de ses cadres locaux début septembre.
La présidente promet un scrutin « transparent et équitable »
Face aux inquiétudes, la cheffe de l’État a assuré dans une vidéo diffusée mardi que « le gouvernement s’engage à veiller à ce que les élections se déroulent de manière transparente, équitable ». Un engagement qui sonne comme un aveu des dérives passées.
Pour de nombreux observateurs, ce scrutin local fait office de baromètre en vue de la présidentielle et des législatives prévues en 2025. Il permettra de jauger la marge de manœuvre réelle laissée à l’opposition et la volonté du pouvoir de renouer avec un processus véritablement démocratique.
2025 en ligne de mire
Après le boycott du précédent scrutin de 2019, les élections générales de 2025 s’annoncent comme un moment charnière pour l’avenir politique du pays. La capacité des différents acteurs à créer les conditions d’une compétition apaisée et inclusive sera déterminante.
Au-delà des enjeux purement électoraux, c’est bien la nature du régime tanzanien qui se joue. Entre répression et ouverture contrôlée, le pouvoir devra faire des choix qui impacteront durablement la trajectoire du pays et ses relations avec ses partenaires internationaux. Les élections locales de ce mercredi constituent un premier test grandeur nature.