En ce lundi matin, une question est sur toutes les lèvres à l’île Maurice : qui dirigera le pays pendant les cinq prochaines années ? Les Mauriciens sont suspendus aux résultats des élections législatives qui se sont déroulées hier dans ce petit État insulaire de l’océan Indien. Un scrutin marqué par une compétition acharnée entre les deux grands blocs politiques du pays.
Un duel au sommet pour l’avenir de Maurice
Depuis l’indépendance en 1968, la vie politique mauricienne est dominée par quelques grandes familles. Cette année ne fait pas exception, avec un affrontement attendu entre le Premier ministre sortant Pravind Jugnauth, 62 ans, et son principal opposant Navin Ramgoolam, 77 ans, lui-même ancien chef du gouvernement. Les deux hommes, à la tête de coalitions concurrentes, ont chacun proclamé leur victoire à l’issue du vote.
Selon des sources proches des autorités électorales, la participation devrait atteindre les 80%, témoignant de l’intérêt des citoyens pour ce scrutin crucial. Dans les bureaux de vote, policiers et observateurs internationaux étaient présents pour assurer la régularité des opérations.
Une campagne sous tension
La campagne électorale aura été intense et par moments houleuse. Le Premier ministre sortant espérait capitaliser sur son bilan, en particulier l’accord “historique” conclu début octobre avec le Royaume-Uni sur la souveraineté de l’archipel des Chagos, un litige vieux de plusieurs décennies. Mais son élan a été stoppé net par un scandale d’écoutes téléphoniques visant journalistes, opposants et diplomates.
L’initiative malheureuse de bloquer temporairement les réseaux sociaux a ajouté à l’inquiétude de certains observateurs qui voient des signes d’érosion démocratique à Maurice.
D’après une source proche des milieux diplomatiques
Face au pouvoir, l’Alliance du changement menée par Navin Ramgoolam a donné du fil à retordre. Elle a dénoncé la vie chère et promis des mesures pour améliorer le quotidien des Mauriciens. Une troisième coalition, se présentant comme une alternative, a de son côté critiqué la corruption et le népotisme dans ce pays souvent vu comme un modèle de stabilité.
Enjeux économiques et géopolitiques
Au-delà des querelles politiques, de vrais défis attendent le prochain gouvernement mauricien. Malgré une croissance enviable de 7% en 2023, tirée par le tourisme et les services financiers, les inégalités persistent et la cherté de la vie préoccupe la population. L’île doit aussi diversifier son économie, aujourd’hui dépendante de quelques secteurs.
Sur le plan international, l’accord signé avec Londres sur les Chagos pourrait être remis en cause par l’élection de Donald Trump à la présidence américaine. Washington dispose en effet d’une base militaire stratégique sur l’île de Diego Garcia, qui fait partie de cet archipel. Le prochain dirigeant mauricien devra manœuvrer avec habileté pour préserver cet accord, vu comme une avancée majeure vers la “décolonisation” du pays.
Verdict imminent des urnes
C’est donc une nation en suspens qui attend fébrilement les résultats du vote. Ceux-ci devraient être proclamés dans la journée de lundi, après dépouillement des bulletins des quelque 1 million d’électeurs inscrits. Les 70 sièges du Parlement sont en jeu, sachant que la majorité est actuellement détenue par le MSM de Pravind Jugnauth et ses alliés.
Quelle que soit l’issue du scrutin, les Mauriciens espèrent que le prochain gouvernement saura préserver les acquis qui font de leur pays une success story: stabilité politique, développement économique et harmonie sociale dans une nation plurielle. Des valeurs plus que jamais nécessaires pour relever les défis de demain et écrire une nouvelle page de l’histoire de l’île Maurice.