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Élections législatives japonaises : un défi pour le nouveau Premier ministre

Le Japon se prépare à des élections législatives anticipées pleines d'incertitudes dimanche. Le nouveau Premier ministre cherche à consolider sa légitimité, mais son parti, miné par l'inflation et les scandales, pourrait peiner à obtenir la majorité absolue. Un scrutin déterminant pour l'avenir politique du pays...

Ce dimanche, les Japonais sont appelés à se prononcer lors d’élections législatives anticipées, convoquées par surprise par le nouveau Premier ministre Shigeru Ishiba. Un scrutin à haut risque pour le dirigeant, qui espère consolider sa légitimité et sa majorité au Parlement, mais dont le parti, le PLD, souffre d’une impopularité croissante sur fond d’inflation et de scandales.

Élu début octobre à la tête du PLD, formation de droite conservatrice qui domine la vie politique nippone depuis 1955, Shigeru Ishiba, 67 ans, a rapidement dissous la chambre basse pour provoquer ce scrutin. Un pari osé pour ce nouveau Premier ministre, qui admet lui-même faire face à des “vents contraires sans précédent”.

Le PLD fragilisé par l’inflation et les affaires

Malgré sa confortable majorité de 288 sièges sur 465 dans l’assemblée sortante, en alliance avec le parti centriste Komeito, le PLD apparaît aujourd’hui sur la défensive. Principal facteur de mécontentement : la nette hausse de l’inflation depuis 2022, qui pèse sur le pouvoir d’achat des ménages japonais.

Un héritage empoisonné pour Shigeru Ishiba, dont le prédécesseur Fumio Kishida a payé le prix dans les sondages. D’après une enquête du quotidien Asahi, seuls 33% des Japonais approuvent l’action du nouveau gouvernement, contre 39% de mécontents. Un ratio inquiétant pour le PLD, qui risque de perdre sa majorité absolue selon le journal.

Les conservateurs traînent également comme un boulet un vaste scandale politico-financier, dans lequel plusieurs dizaines de parlementaires sont soupçonnés d’avoir omis de déclarer l’équivalent de millions d’euros perçus lors de levées de fonds. Un scandale de trop pour l’opinion publique.

Un Premier ministre déjà fragilisé en interne

Malgré son accession récente au pouvoir, Shigeru Ishiba semble également menacé au sein même du PLD. D’après les spécialistes, la faible base de pouvoir dont il dispose au sein du parti l’expose aux critiques, quelle que soit l’issue des élections de dimanche.

Shigeru Ishiba pourrait avoir des difficultés à consolider le PLD en raison de la faible base de pouvoir dont il dispose au sein du parti.

Rintaro Nishimura, expert du cabinet The Asia Group

Déjà, le nouveau Premier ministre a dû faire marche arrière sur plusieurs réformes de société, comme la possibilité pour les couples mariés de ne pas porter le même nom, face à la fronde des factions les plus conservatrices du PLD. Un recul qui illustre la position de faiblesse de M. Ishiba.

L’opposition japonaise divisée et affaiblie

Face au PLD vacillant, l’opposition apparaît pourtant incapable de tirer profit de la situation. Principal parti d’opposition, le Parti démocratique constitutionnel (PDC) ne détenait que 99 sièges dans l’assemblée sortante.

Dirigé par l’ancien Premier ministre Yoshihiko Noda, le PDC séduit une partie des Japonais par ses positions modérées et pragmatiques, proche de celles du PLD sur de nombreux sujets. Mais l’opposition reste très divisée selon les experts, rendant improbable une alternance à court terme.

Un record de candidates, mais des inégalités persistantes

Seule note positive dans ce scrutin sous haute tension, un nombre record de femmes se présentent parmi les 1344 candidats en lice. Elles représentent désormais 23% des prétendants, un chiffre inédit dans un pays encore marqué par de fortes inégalités de genre dans la sphère politique.

Mais malgré cette avancée notable, le chemin reste encore long vers la parité et l’égal accès aux responsabilités. Un symbole des progrès qu’il reste à accomplir pour la société japonaise dans son ensemble.

Quel que soit le verdict des urnes, l’avenir politique du Japon s’annonce incertain

Au terme d’une campagne éclair de quelques jours, les Japonais s’apprêtent donc à rendre leur verdict dans des élections législatives cruciales pour la suite du mandat de Shigeru Ishiba. En cas de victoire étriquée ou de perte de la majorité absolue, le Premier ministre pourrait rapidement se retrouver sous pression, y compris au sein de son propre camp.

Quelle que soit l’issue du scrutin, une nouvelle donne politique semble émerger au Japon, entre un PLD fragilisé par l’usure du pouvoir et une opposition qui peine à incarner une alternance crédible. Un paysage politique morcelé et instable, qui pourrait compliquer la tâche du gouvernement dans les mois à venir, à commencer par la mise en œuvre du programme de M. Ishiba.

Alors que se profilent déjà les élections à la chambre haute en 2023, ce scrutin anticipé apparaît donc comme un test grandeur nature pour la nouvelle équipe au pouvoir. Un test dont l’issue est plus incertaine que jamais, dans un Japon traversé par de profondes mutations économiques et sociétales.

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