À quelques jours d’élections législatives qui s’annoncent périlleuses, le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba s’est insurgé contre la couverture médiatique “biaisée” d’un scandale qui ébranle son parti. Selon plusieurs sondages, le Parti libéral-démocrate (PLD) pourrait en effet perdre sa majorité absolue à la Chambre basse du Parlement lors du scrutin de dimanche.
Un scrutin anticipé à haut risque
Shigeru Ishiba, 67 ans, n’est devenu chef du gouvernement que le 1er octobre dernier, après son élection à la tête du PLD. Il a immédiatement convoqué ces législatives anticipées, espérant renforcer son autorité. Mais c’était sans compter sur les retombées d’un scandale financier qui avait déjà contribué à la chute de popularité de son prédécesseur Fumio Kishida.
D’après le dernier sondage du quotidien Yomiuri, le PLD et son allié, le Komeito, pourraient n’obtenir que 233 sièges, soit tout juste la majorité absolue. Un tel résultat serait quasi-inédit pour le PLD, formation dominante de la vie politique nippone depuis les années 1950. Face à cette menace, Ishiba a dû revoir ses ambitions à la baisse, se fixant comme simple objectif d’atteindre ce seuil avec son partenaire. En deçà, son parti devrait s’allier avec d’autres forces ou se résoudre à un gouvernement minoritaire.
Un Premier ministre dos au mur
Sur le terrain, les candidats du PLD sont en difficulté. Selon le Yomiuri, seuls 87 d’entre eux sur 266 sont en tête des intentions de vote dans leurs circonscriptions, tandis que 133 sont au coude-à-coude avec leurs adversaires. Le parti au pouvoir devrait également subir de lourdes pertes dans la partie proportionnelle du scrutin.
Pour couronner le tout, le PLD reste empêtré dans les conséquences du scandale. Malgré l’engagement de Shigeru Ishiba à ne pas soutenir les membres impliqués, des révélations embarrassantes continuent de pleuvoir. Ainsi, d’après le quotidien Asahi, le parti aurait versé quelque 20 millions de yens (122.000 euros) aux sections locales de ces responsables mis en cause, déclenchant la colère de l’opposition.
Ishiba contre-attaque et minimise
Acculé, le Premier ministre tente de contre-attaquer en s’en prenant directement aux médias. Jeudi, lors d’un discours de campagne, il s’est dit “vraiment frustré que de tels articles sortent à un moment comme celui-ci”, les qualifiant de “biaisés”. Il a assuré que l’argent en question était destiné aux sections, et non aux candidats eux-mêmes qui “n’utiliseront pas ces fonds”.
Nous ne pouvons pas être vaincus aux élections par ceux qui ont des opinions biaisées
Shigeru Ishiba, Premier ministre japonais
Dans le même temps, Ishiba tente de minimiser la portée de ce scrutin. Il martèle que son objectif de 233 sièges n’est qu’un “souhait” et non une “prédiction”. Une manière de préparer les esprits à une contre-performance et d’atténuer par avance un éventuel échec.
Mais il en faudra sans doute plus pour rassurer sa majorité et faire taire les critiques sur sa gestion de crise. Si le PLD venait à perdre sa majorité dimanche, la position d’Ishiba, à peine arrivé au pouvoir, serait déjà fortement ébranlée. Le feuilleton politique nippon est loin d’être terminé.