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Élections législatives à Maurice : L’opposition revendique la victoire

Coup de tonnerre aux élections législatives mauriciennes : l'opposition menée par Navin Ramgoolam revendique une victoire éclatante face au Premier ministre sortant qui concède sa défaite. Un nouveau chapitre politique s'ouvre pour l'île Maurice...

Les élections législatives à l’île Maurice ont connu un dénouement aussi rapide qu’inattendu. Alors que les bureaux de vote venaient à peine de fermer leurs portes dimanche, le vent du changement soufflait déjà sur l’île. Navin Ramgoolam, chef de file de l’opposition et ancien Premier ministre, n’a pas tardé à revendiquer haut et fort la victoire de sa coalition, l’Alliance du changement.

Face à lui, le Premier ministre sortant Pravind Kumar Jugnauth a dû se rendre à l’évidence : il a été sévèrement battu dans les urnes. “Nous allons vers une défaite, et c’est encore plus clair que l’Alliance Lepep va vers une grande défaite”, a-t-il déclaré devant la presse, la mine défaite. Un aveu d’échec qui sonne comme un séisme politique pour celui qui espérait surfer sur la conclusion récente d’un accord “historique” avec Londres sur la souveraineté de l’archipel des Chagos.

Un “pouvoir du peuple plus fort qu’une dictature”

Du côté des vainqueurs, l’heure est à l’euphorie. Devant une foule de partisans en liesse, Navin Ramgoolam, 77 ans, s’est félicité d’une “victoire écrasante” de son camp. “J’espère que PKJ va bientôt démissionner. Il a été battu 60-0”, a-t-il lancé dans sa circonscription, avant de marteler que “le pouvoir du peuple est plus fort qu’une dictature”. Une référence à peine voilée aux accusations d’autoritarisme qui visaient le gouvernement sortant.

Cette victoire sans appel de l’Alliance du changement redistribue les cartes politiques à Maurice. Selon des sources proches du dépouillement, l’opposition aurait raflé les 60 sièges en jeu sur l’île principale, ne laissant que des miettes au camp de Pravind Jugnauth. Deux autres députés de l’opposition auraient également été élus sur l’île Rodrigues.

L’accord sur les Chagos n’a pas fait le poids

Malgré un bilan économique plutôt positif, le Premier ministre sortant a payé cher les récentes révélations de conversations privées compromettantes impliquant son camp. En octobre dernier, des extraits audio de discussions entre politiques, diplomates, journalistes et membres de la société civile avaient fuité sur les réseaux sociaux, semant le trouble.

L’accord “historique” arraché à Londres sur la souveraineté de l’archipel des Chagos, un succès diplomatique majeur pour Maurice, n’aura pas suffi à faire oublier ces polémiques. Pravind Jugnauth espérait en tirer un bénéfice électoral, mais son espoir a vite été douché.

Fin de règne pour deux dynasties politiques

Cette alternance marque un tournant générationnel pour la vie politique mauricienne. Navin Ramgoolam comme Pravind Jugnauth sont les héritiers de deux dynasties politiques qui dominent l’île depuis son indépendance du Royaume-Uni en 1968. Leurs pères respectifs, Sir Seewoosagur Ramgoolam et Sir Anerood Jugnauth, ont occupé à plusieurs reprises les postes de Premier ministre et président.

Reste à savoir si ce bouleversement des urnes marquera une véritable rupture dans la gouvernance du pays. L’opposition devra montrer qu’elle est à la hauteur des attentes de changement exprimées par les Mauriciens. Et le défi est de taille pour cette nation insulaire, considérée comme l’une des démocraties les plus stables et prospères d’Afrique, mais qui n’échappe pas aux défis économiques et sociaux.

Quoi qu’il en soit, une page se tourne à Maurice. L’ampleur de la victoire de l’opposition ne souffre d’aucune contestation. Comme l’a résumé Navin Ramgoolam, c’est bien “le pouvoir du peuple” qui a parlé. Charge maintenant au nouveau gouvernement de traduire cette volonté de changement en actes. L’avenir de l’île Maurice est en jeu.

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