À 48 heures du second tour des élections législatives, la fièvre monte dans les états-majors politiques. Après une semaine marquée par un ballet de désistements visant à faire barrage au Rassemblement national, les jeux semblent plus ouverts que jamais. Qui d’Emmanuel Macron ou de ses opposants décrochera la majorité dimanche soir ? Tour d’horizon des enjeux d’un scrutin à suspense.
Le front républicain rejoué, le RN en embuscade
Comme un air de déjà-vu. À l’instar de précédentes élections, la qualification de nombreux candidats RN pour le second tour a poussé les partis traditionnels à un front républicain express. Objectif : éviter une percée de l’extrême-droite à l’Assemblée en se désistant dans les duels face aux lepénistes.
Un réflexe démocratique salué par l’ancien président François Hollande, mais dénoncé comme un « coup d’État administratif » par Marine Le Pen, qui accuse la macronie de préparer une vague de nominations avant une éventuelle cohabitation. Jordan Bardella, lui, pointe « une coalition Macron-Mélenchon pour paralyser le pays » et appelle la droite au « courage ».
Des triangulaires en chute libre
Conséquence directe de ces désistements : le nombre de triangulaires a chuté drastiquement, passant de 311 possibles au soir du premier tour à une petite centaine. De quoi réduire les chances du RN de l’emporter grâce à la division de ses adversaires. Mais gare à l’effet boomerang, avertissent certains : privés de représentation dans de nombreuses circonscriptions, les électeurs de gauche ou de droite pourraient être tentés par un vote contestataire.
La reformation du front républicain est une bonne nouvelle pour la démocratie, mais attention à ne pas donner l’impression de confisquer l’élection.
Un ministre
La majorité présidentielle jouera gros
Pour Emmanuel Macron, l’enjeu est de taille. En cas de majorité relative, voire d’une défaite face aux oppositions, c’est toute sa capacité à réformer qui serait remise en cause. Le chef de l’État pourrait se retrouver contraint à une cohabitation inédite sous la Ve République avec un Premier ministre RN ou de la Nupes.
Un scénario catastrophe que l’exécutif veut éviter à tout prix. D’où un Conseil des ministres très attendu ce mercredi, avec de potentielles nominations aux postes clés de la haute administration pour verrouiller le dispositif. Élisabeth Borne, elle, multiplie les appels du pied aux électeurs de droite, espérant un sursaut républicain face aux extrêmes.
Des surprises locales en perspective
Au-delà des grands équilibres nationaux, ces législatives pourraient réserver leur lot de surprises dans certaines circonscriptions emblématiques. Tous les regards seront ainsi braqués sur la 1ère des Pyrénées-Atlantiques, où Jean Lassalle (Résistons) affrontera le RN Andréa Kotarac dans un duel très incertain.
Suspense également dans la 4e du Loiret, où Caroline Janvier (Renaissance) tentera de sauver son siège face à l’insoumis Bruno Nottin et l’ex-LR Hugues Saury. Et en Corrèze, où le psychodrame du parachutage de François Hollande pourrait se solder par une victoire du RN Antoine Lopez.
Une participation en berne, une légitimité en question
Dernier enjeu, et non des moindres : la participation. Après un premier tour boudé par plus d’un électeur sur deux, la tentation de l’abstention pourrait encore progresser dimanche, sur fond de résignation et de colère sociale. Avec à la clé une Assemblée élue par défaut, et une légitimité politique durablement affaiblie. De quoi compliquer un peu plus l’équation d’après-élections pour l’exécutif, quel qu’il soit.
Bref, à deux jours du scrutin, tous les scénarios restent ouverts. Certains rêvent déjà d’un Emmanuel Macron triomphant dimanche soir, fort d’une majorité absolue inespérée. D’autres entrevoient une poussée historique du RN, voire une cohabitation à l’italienne, sur fond de crise institutionnelle. Réponse dans les urnes, et dans les prochains jours.