À l’approche des élections législatives des 30 juin et 7 juillet 2024, la France se prépare à une campagne éclair sous haute tension. Alors que les candidats viennent d’être déclarés, les principaux partis politiques déploient déjà leurs stratégies pour tenter de remporter la majorité à l’Assemblée nationale. Quels sont les enjeux cruciaux de ce scrutin déterminant ? Décryptage des manœuvres en coulisses et des défis qui attendent les formations politiques.
Le Rassemblement national affûte ses propositions phares
Surfant sur sa victoire aux élections européennes, le Rassemblement national (RN) entend bien confirmer sa dynamique aux législatives. Son président Jordan Bardella a détaillé plusieurs mesures emblématiques en cas de succès :
- Abrogation de la réforme des retraites dès l’automne
- Baisse de la TVA sur les carburants et l’énergie de 20% à 5,5% dès cet été
- Suppression de la TVA sur les produits de première nécessité dans un second temps
- Rétablissement des peines planchers pour les délits liés aux stupéfiants et aux atteintes aux forces de l’ordre
Mais pour mettre en œuvre ce programme, le parti d’extrême droite devra décrocher la majorité absolue au Parlement, un défi de taille. De son côté, Marine Le Pen se veut rassurante et écarte le spectre d’une crise institutionnelle, assurant qu’elle ne demanderait pas la démission d’Emmanuel Macron en cas de victoire.
La majorité présidentielle joue la carte du “front républicain”
Face à la menace RN, la majorité sortante opte pour une stratégie inhabituelle. Sur les 577 circonscriptions, elle n’investit que 485 candidats, laissant volontairement 67 sièges sans prétendant pour les réserver à “l’arc républicain”. L’objectif : tendre la main à la droite et la gauche modérées pour faire barrage à l’extrême droite et la gauche radicale, quitte à s’effacer dans certains territoires.
Nous avons considéré que le vote utile pour lutter contre les extrêmes était ailleurs. Notre but est d’éviter qu’un candidat RN ou LFI ne gagne, partout où c’est possible.
Un cadre de Renaissance
Ainsi, plusieurs députés LR et PS sortants, pourtant opposés au gouvernement, n’affronteront pas de candidat macroniste. Un pari risqué pour la macronie, qui pourrait se retrouver sans groupe parlementaire en cas d’échec.
La gauche unie peine à masquer ses dissensions
Malgré son accord d’union, la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES) doit gérer de sérieuses tensions internes. Sous le feu des critiques pour avoir “purgé” certains cadres historiques, Jean-Luc Mélenchon tente de calmer le jeu. Lors du premier meeting de campagne du Nouveau Front populaire, les ténors sont montés au créneau pour en appeler à l’unité.
L’union ne peut pas tenir avec le poison de la trahison. Ce silence a nui à nos luttes.
Rima Hassan, députée européenne LFI
François Ruffin a même tenu à afficher son soutien à Alexis Corbière, évincé par la direction insoumise dans sa circonscription au profit d’une autre candidate. Mais ces initiatives suffiront-elles à faire oublier les rancoeurs et présenter un front uni aux électeurs ?
Une campagne éclair et intense
En seulement 3 semaines, les partis vont devoir convaincre des Français désabusés et tentés par l’abstention. Si les sondages donnent le RN en tête des intentions de vote, rien n’est joué, les réservoirs de voix pouvant se déplacer au gré des alliances de second tour.
Les leaders multiplient meetings et déplacements pour occuper le terrain médiatique. L’enjeu : imposer ses thèmes et son rythme à des adversaires qui n’auront que peu de temps pour riposter.
Retraites, pouvoir d’achat, immigration, sécurité, Europe… Les sujets clivants ne manqueront pas dans cette campagne aux allures de “troisième tour” de la présidentielle. Avec en toile de fond, un risque d’ingouvernabilité du pays en cas de majorité relative ou d’absence de majorité. De quoi électriser encore un peu plus le climat politique.
Cette séquence électorale concentrée s’annonce donc intense et indécise. Comme un écho à une vie politique de plus en plus polarisée, où les partis traditionnels peinent à exister entre les blocs des extrêmes. Le résultat des urnes conditionnera la capacité du président à gouverner pour la suite du quinquennat. Et déterminera la place des oppositions, voire de potentiels futurs présidentiables, pour les prochaines années. La campagne ne fait que commencer.