Tous les cinq ans, les élections européennes rebattent les cartes du pouvoir au sein de l’Union européenne. Au-delà des sièges du Parlement, ce sont aussi les plus hauts postes de l’UE, surnommés les “top jobs”, qui sont remis en jeu. Véritables clés du pouvoir européen, ces nominations cristallisent de nombreux enjeux et font l’objet d’intenses tractations entre les États membres. Alors que le nouveau visage du Parlement se dessine, regards sur les postes stratégiques qui seront attribués dans les prochains mois et pourraient bien façonner l’Europe de demain.
Présidence de la Commission européenne : von der Leyen vers un second mandat ?
Véritable tour de contrôle de l’Union, la Commission européenne est au cœur de son fonctionnement. Organe exécutif, elle détient le monopole de l’initiative législative et veille au respect du droit européen. Son président, désigné par le Conseil européen puis élu par le Parlement, dispose d’une influence majeure en déterminant les priorités et l’agenda politique de l’UE.
Pour succéder à l’Allemande Ursula von der Leyen, les regards se tournent naturellement vers le PPE. Ce parti de droite libérale-conservatrice, victorieux aux élections, devrait logiquement proposer son “Spitzenkandidat”, c’est-à-dire son chef de file. Et il s’agit justement d’Ursula von der Leyen, partie favorite pour sa propre succession, à condition de réunir une majorité de soutiens au Conseil européen.
Conseil européen : après Michel, Costa en pole position ?
Organe suprême de l’UE réunissant les chefs d’État et de gouvernement, le Conseil européen définit les grandes orientations et priorités politiques de l’Union. Son président, élu pour 2 ans et demi, joue un rôle clé de coordination et de représentation sur la scène internationale.
Pour remplacer le Belge Charles Michel, au terme de ses deux mandats, un nom revient avec insistance : celui de l’ancien Premier ministre portugais Antonio Costa. Membre des sociaux-démocrates, il permettrait un rééquilibrage politique après l’attribution attendue de la Commission au PPE. Mais la piste de Mario Draghi, ex-patron de la BCE et ex-chef du gouvernement italien, n’est pas à exclure.
Parlement européen : Metsola en position de force
Roberta Metsola, présidente sortante, part avec une longueur d’avance pour conserver son poste. Également membre du PPE, la Maltaise bénéficie du poids renforcé de son camp. Sauf coup de théâtre, elle devrait assurer la coprésidence avec le futur patron de la Commission lors des sessions plénières à Strasbourg.
Haut représentant : Kaja Kallas, profil idéal ?
En charge de la diplomatie et de la politique de sécurité commune, le haut représentant de l’UE donne corps et voix à l’Europe sur la scène internationale. Pour succéder à l’Espagnol Josep Borrell, un nom est régulièrement avancé : celui de Kaja Kallas.
L’actuelle Première ministre estonienne, membre du groupe libéral Renew, présente en effet un profil intéressant. Résolument pro-occidentale et très engagée dans le soutien à l’Ukraine, elle pourrait incarner la fermeté européenne face à la Russie dans un contexte géopolitique toujours tendu.
BCE : Lagarde, la stabilité au long cours
Bien qu’extérieure au calendrier des élections, la présidence de la Banque centrale européenne est un autre poste européen majeur. Mais contrairement aux autres “top jobs”, celui-ci n’est pas remis en jeu cette année. Christine Lagarde, nommée en 2019 pour un mandat unique de 8 ans, assurera la continuité à la tête de la BCE jusqu’en 2027.
Si les élections ont livré leur verdict, la bataille pour les “top jobs” ne fait que commencer. D’intenses négociations s’engagent désormais entre les États pour trouver le subtil équilibre entre ligne politique, répartition géographique, parité… De quoi dessiner, poste après poste, le nouveau visage du pouvoir européen pour les années à venir.
