À un mois des élections européennes, un vent de panique souffle sur le camp présidentiel. Les derniers sondages révèlent une donnée alarmante : pour la première fois depuis 1979, les partis historiquement favorables à la construction européenne pourraient rassembler moins de la moitié des voix le 9 juin prochain. Un séisme politique qui ébranle les certitudes de la macronie.
L’Europe, grande cause du quinquennat Macron
Depuis son arrivée à l’Elysée en 2017, Emmanuel Macron a fait de l’Europe son cheval de bataille. Multipliant les discours enflammés et les initiatives ambitieuses, le chef de l’Etat n’a eu de cesse de défendre le projet européen, vantant ses réussites récentes comme le plan de relance post-Covid ou la campagne de vaccination commune. Une stratégie payante jusqu’ici, le parti présidentiel arrivant largement en tête des européennes de 2019.
Mais les temps ont changé
Selon un sondage Ifop-Fiducial paru dans Le Figaro, les formations ouvertement proeuropéennes – LREM, LR, EELV et le PS – ne totalisent plus que 43,5% d’intentions de vote, loin de leur score de 58% il y a 5 ans. Un effondrement spectaculaire qui profite aux mouvements eurosceptiques ou europhobes comme le RN et LFI.
Ce décrochage pose problème à la candidate macroniste Valérie Hayer. Parvenir à s’imposer comme « le seul bulletin proeuropéen » est déjà une gageure.
– Un stratège de la majorité
Les raisons d’un divorce
Comment expliquer ce désamour soudain des Français pour l’Europe ? Plusieurs facteurs entrent en jeu :
- La crise du pouvoir d’achat, qui nourrit un sentiment d’abandon
- Les polémiques à répétition sur l’immigration
- La peur d’une Europe “passoire” et hors de contrôle
- L’usure du couple franco-allemand, moteur de l’UE
Autant d’éléments qui sapent la confiance des citoyens envers les institutions de Bruxelles et de Strasbourg. Pour les experts, ce phénomène dépasse nos frontières et touche l’ensemble du Vieux continent, sur fond de montée des populismes.
Le défi de Valérie Hayer
Dans ce contexte morose, la tête de liste de la majorité Valérie Hayer a fort à faire pour mobiliser l’électorat proeuropéen. Misant sur son expérience d’eurodéputée et son image de “Madame Europe” à l’Assemblée nationale, l’élue du Val-de-Marne veut incarner le renouveau du logiciel européen d’Emmanuel Macron. Pas une mince affaire face à la poussée des extrêmes…
Pour inverser la tendance, la macronie compte bien capitaliser sur les derniers succès de l’UE, de l’accord sur le climat à la régulation des géants du numérique en passant par la politique étrangère commune. Autant de sujets qui doivent permettre, espère-t-on au sein de la majorité, de remobiliser les électeurs tentés par l’abstention ou les sirènes eurosceptiques.
L’enjeu du second quinquennat Macron
Au-delà du scrutin du 9 juin, c’est bien l’avenir de la construction européenne qui se joue en ce moment. Car une victoire des partis hostiles à l’UE renforcerait les oppositions internes et compliquerait singulièrement la tâche du président pour mener à bien ses projets de réforme dans les années à venir.
Emmanuel Macron en est conscient : sans une Europe forte et unie, nombre de ses engagements de campagne risquent de rester lettre morte, de la transition écologique à la souveraineté industrielle en passant par la régulation de l’économie. D’où l’importance cruciale de ce rendez-vous électoral, véritable test pour la suite du quinquennat.
Charge désormais à Valérie Hayer et à la macronie de retisser le lien distendu avec les électeurs proeuropéens. Un véritable défi existentiel pour la majorité, qui jouera très gros dans les urnes le mois prochain. Avec en toile de fond une question lancinante : l’idéal européen, un grand rêve en voie de dépassement ?
