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Élections Européennes : Le Modèle National-Conservateur de Meloni pour les Droites

Un vent de changement souffle sur l'Europe à l'approche des élections. Le national-conservatisme incarné par Giorgia Meloni en Italie pourrait-il devenir le nouveau modèle des droites européennes ? Décryptage avec l'historien Giovanni Orsina.

Un vent nouveau souffle sur la politique européenne à l’approche des élections du Parlement de Strasbourg. Les partis dits “populistes” de droite, portés par une vague de mécontentement envers l’ordre libéral établi, semblent en passe de renforcer leurs positions. Mais s’agit-il réellement d’un tournant ? Pour Giovanni Orsina, professeur à l’université Luiss de Rome et fin connaisseur de la politique italienne, ce phénomène s’inscrit dans un processus historique plus profond de remise en cause d’un « ordre libéral radical » qui a atteint ses limites.

L’émergence d’un nouveau conservatisme européen

Selon l’historien italien, les forces qualifiées de “populistes” expriment en réalité une révolte politique contre l’échec d’un modèle libéral centré non seulement sur le marché, mais aussi sur le droit et une nouvelle morale dépolitisée. Face à cela, un nouveau courant conservateur émerge, incarné notamment par la Première ministre italienne Giorgia Meloni et son parti Fratelli d’Italia. Orsina y voit les prémisses d’une recomposition possible des droites européennes autour d’un modèle “national-conservateur”.

Un “populisme” mal nommé ?

L’universitaire italien invite cependant à manier avec précaution le terme de “populisme”, galvaudé et chargé de connotations négatives dans le débat public. Il préfère parler d’une contestation politique d’un ordre libéral en crise, dont les racines plongent dans les années 1970-90. Plus qu’un simple rejet, ce mouvement porterait aussi en germe un projet alternatif, synthèse de valeurs conservatrices et d’un attachement à la souveraineté nationale.

Ce que nous appelons populisme exprime la révolte politique contre cet ordre [libéral] et son échec.

Giovanni Orsina

Giorgia Meloni, figure de proue d’une nouvelle droite ?

Dans ce contexte, l’expérience italienne de Giorgia Meloni, qui a su rallier une partie de l’électorat conservateur autour d’un programme national-souverainiste, apparaît comme un laboratoire potentiel pour les droites européennes. Son parti Fratelli d’Italia parvient en effet à concilier un attachement aux racines chrétiennes de l’Europe, un discours de fermeté sur l’immigration et la défense d’un modèle familial traditionnel. Une synthèse qui pourrait faire des émules au-delà des Alpes.

Vers une recomposition des équilibres européens ?

Si Giovanni Orsina ne croit pas à un basculement brutal du Parlement européen, il n’exclut pas un rééquilibrage progressif en faveur des droites conservatrices et souverainistes. Celles-ci pourraient peser davantage face aux groupes centristes traditionnels comme le PPE, les socialistes et les libéraux. Une tendance à surveiller de près dans les prochaines années, qui pourrait façonner le visage politique d’une Europe en quête de nouveaux repères après les crises à répétition.

Alors que les Européens s’apprêtent à élire leurs représentants à Strasbourg, le débat sur l’avenir politique du continent est plus que jamais ouvert. Et le “modèle Meloni” sera sans nul doute observé avec attention, comme un possible laboratoire d’une recomposition conservatrice des droites du Vieux Continent. Vers l’émergence d’un nouveau clivage entre progressistes libéraux et national-conservateurs ? L’hypothèse mérite d’être considérée sérieusement.

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