Les élections européennes de 2024 resteront dans les mémoires comme un séisme politique majeur. En France, c’est une véritable humiliation pour Emmanuel Macron. Mais au-delà de l’Hexagone, c’est une lame de fond nationaliste et anti-immigration qui submerge l’Europe entière. Retour sur les principaux enseignements de ce scrutin.
Un rejet cinglant d’Emmanuel Macron en France
Pour le président français, le verdict des urnes est sans appel. Son parti, Renaissance, essuie une défaite cuisante, largement devancé par le Rassemblement National de Jordan Bardella. Les Français ont exprimé avec force leur rejet de la politique menée par Emmanuel Macron depuis son élection en 2017.
Selon Alexis Brézet, directeur des rédactions du Figaro, ce scrutin marque la convergence de deux colères : “C’est la rencontre de la vague et du vent, la fusion de deux exaspérations”. D’un côté un vent d’antimacronisme qui n’a cessé de s’amplifier en France. De l’autre, une vague anti-immigration qui déferle sur toute l’Europe.
La France n’est pas un cas isolé
Si la situation française est frappante, elle s’inscrit en réalité dans une tendance européenne lourde. De l’Italie au Danemark en passant par l’Autriche et les Pays-Bas, les partis nationalistes et eurosceptiques progressent de manière spectaculaire.
Comment nommer cette vague sans tomber dans la caricature ? “Extrême droite”, si l’on est honnête, ne convient pas. “Droite radicale” serait plus juste.
Alexis Brézet, directeur des rédactions du Figaro
Malgré leurs différences, tous ces partis ont en commun de vouloir drastiquement réduire l’immigration et protéger l’identité de leurs nations face à ce qu’ils perçoivent comme une menace islamiste. Un message qui semble faire mouche dans des sociétés européennes inquiètes et en quête de repères.
L’immigration, au cœur des préoccupations européennes
Les chiffres donnent le tournis. Entre 2013 et 2023, pas moins de 8 millions de demandes d’asile ont été enregistrées dans l’Union européenne selon Alexis Brézet. Soit l’équivalent d’un nouvel Etat membre entièrement composé de demandeurs d’asile !
Face à ce défi migratoire sans précédent, de plus en plus d’Européens réclament un tour de vis. Ils veulent moins d’immigration, plus d’expulsions, et le respect de leurs valeurs. Un message martelé par les partis nationalistes, et qui semble porter ses fruits dans les urnes.
Vers une recomposition du paysage politique européen ?
Au vu des résultats des européennes, c’est une véritable recomposition politique qui se profile au niveau européen. Les partis traditionnels, notamment de centre-droit, sont laminés. Les écologistes confirment leur ancrage. Mais surtout, les nationalistes s’imposent comme une force politique majeure.
Il faudra désormais compter avec eux dans le débat européen. Eux qui ne veulent plus quitter l’Europe, mais la changer de l’intérieur. Pour imposer leurs vues sur l’immigration, l’identité, la souveraineté. Un défi de taille pour les institutions européennes et les partis pro-européens.
Ces élections sonnent comme un électrochoc. Elles pourraient bien ne marquer rien de moins qu’un changement d’époque pour l’Europe. Avec une opinion qui exprime son ras-le-bol et exige d’être entendue sur ses préoccupations, en particulier l’immigration. Les dirigeants européens sauront-ils entendre ce message ? C’est tout l’enjeu des prochaines années.