La Namibie est sur le point de vivre un moment historique avec l’élection probable de la première femme présidente de son histoire. Selon les derniers résultats partiels portant sur les deux tiers des votes, Netumbo Nandi-Ndaitwah, surnommée « NNN », candidate du parti au pouvoir, la Swapo, arrive largement en tête avec plus de 54% des voix.
Un scrutin sous haute tension
Mais ces élections présidentielle et législatives, qui se sont tenues le 27 novembre, sont loin d’être un long fleuve tranquille. Le scrutin a dû être prolongé à deux reprises en raison de problèmes logistiques et techniques, notamment une pénurie de bulletins de vote. Le premier jour, les électeurs ont dû patienter jusqu’à 12 heures dans d’interminables files d’attente, poussant certains à renoncer.
L’opposition crie déjà à l’irrégularité. Panduleni Itula, le leader du principal parti d’opposition (IPC), qui arrive loin derrière avec 28% des voix, a d’ores et déjà annoncé qu’il ne reconnaîtrait pas les résultats. Il dénonce de « multiples irrégularités » et entend faire annuler ce scrutin « quel que soit le résultat ».
Première femme présidente
Si sa victoire se confirme, Netumbo Nandi-Ndaitwah, 72 ans, deviendra la première femme à accéder à la magistrature suprême dans ce pays d’Afrique australe riche en minerais, peuplé de 3 millions d’habitants. Un symbole fort, même si elle pourrait être contrainte à un second tour inédit si elle n’obtient pas plus de 50% à l’issue du décompte final.
Swapo sur le déclin
Ces élections illustrent aussi le déclin de la Swapo, l’ancien parti unique qui dirige le pays depuis son indépendance il y a 34 ans. D’inspiration marxiste à ses débuts, le mouvement a vu sa popularité s’éroder ces dernières années sous le poids du chômage massif des jeunes, qui représentent désormais une large part de l’électorat, et des fortes inégalités qui minent le pays.
Enjeux pour l’avenir
Au-delà de l’élection d’une femme, ce scrutin revêt donc des enjeux cruciaux pour l’avenir de la Namibie. Le futur président devra répondre aux attentes d’une jeunesse en quête de perspectives et s’attaquer aux maux qui rongent le pays, à commencer par le chômage et les inégalités criantes. La tâche s’annonce ardue dans un contexte économique et social tendu.
Ces tensions pourraient aussi peser sur le début de mandat du nouveau chef de l’État. L’opposition, qui conteste la sincérité du scrutin, ne semble pas prête à rentrer dans le rang. La menace d’une crise post-électorale plane, même si la Namibie est réputée pour sa stabilité et sa tradition démocratique.
Notre pays a besoin d’un nouveau départ, d’un vrai changement. Il est temps de tourner la page de la Swapo et de ses dérives.
déclarait récemment Panduleni Itula, le candidat malheureux de l’opposition
L’élection de la première présidente de l’histoire de la Namibie constituerait indéniablement une avancée majeure, un signal fort en faveur de l’égalité et de l’émancipation des femmes. Mais au-delà du symbole, c’est surtout sa capacité à répondre aux défis immenses auxquels le pays est confronté qui sera scrutée. Une chose est sûre, le chemin s’annonce semé d’embûches pour celle ou celui qui prendra les rênes du pays.