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Élections au Mozambique : Le Frelimo vainqueur malgré la contestation

Au Mozambique, le Conseil constitutionnel a confirmé la victoire controversée du Frelimo aux présidentielles, plongeant le pays dans une crise politique majeure. L'opposition refuse de reconnaître les résultats et la contestation se poursuit dans la rue...

Une décision lourde de conséquences. Lundi, le Conseil constitutionnel du Mozambique a entériné la victoire du parti Frelimo aux élections présidentielles d’octobre dernier, avec 65,17% des voix pour son candidat Daniel Chapo. Un scrutin vivement contesté par l’opposition qui crie à la fraude et avait déposé des recours, rejetés par la plus haute instance juridique du pays.

Depuis deux mois, le principal opposant Venancio Mondlane, arrivé officiellement second avec 24,19%, dénonce des irrégularités et revendique la victoire avec 53% selon un décompte parallèle. Ses appels au « soulèvement populaire » ont entraîné des manifestations massives durement réprimées, faisant plus de 130 morts selon une ONG locale. Un bilan très lourd qui plonge ce pays d’Afrique australe dans une crise politique inédite.

Le pouvoir s’accroche, l’opposition ne désarme pas

Malgré la confirmation des résultats, la contestation ne faiblit pas. À l’appel de Venancio Mondlane passé dans la clandestinité, la capitale Maputo avait des airs de ville fantôme lundi, paralysée par des barrages de manifestants. L’accès au palais présidentiel et au siège du Conseil constitutionnel était bloqué par d’importants dispositifs policiers, dans un climat de grande tension.

Pour l’opposant, la « décision du Conseil constitutionnel conduira le Mozambique soit à la paix, soit au chaos ». Il a prévenu qu’il n’accepterait aucun compromis avec le Frelimo, au pouvoir depuis l’indépendance en 1975. Le parti présidentiel conserve d’ailleurs une large majorité au Parlement avec 171 députés sur 250, en léger recul par rapport à la précédente législature.

Une crise aux lourdes conséquences

Au-delà des victimes, cette crise politique risque d’aggraver la situation déjà très précaire du Mozambique, l’un des pays les plus pauvres au monde. Les violences et les blocages perturbent l’activité économique et les services publics. Les investisseurs et les partenaires étrangers pourraient se détourner face à l’instabilité.

C’est aussi un coup dur pour la démocratie et l’alternance dans un pays dirigé par le même parti depuis près de 50 ans. Si la communauté internationale a pointé des irrégularités dans le scrutin, elle semble jusqu’ici peu encline à remettre en cause la victoire du pouvoir en place, craignant d’aggraver le chaos.

Une issue incertaine

Dans ce bras de fer, difficile de prédire qui du Frelimo ou de l’opposition finira par l’emporter. Une chose est sûre, le Mozambique traverse une période de fortes turbulences. D’un côté, un pouvoir qui veut s’accrocher coûte que coûte. De l’autre, une contestation déterminée qui ne compte pas abandonner la rue.

Venancio Mondlane, qui se dit victime d’un « hold-up électoral », a prévenu que sa « révolution orange » était désormais entrée dans une « phase décisive ». Jusqu’où ira l’escalade ? Le gouvernement mise sur l’essoufflement du mouvement mais une répression trop brutale pourrait au contraire durcir la révolte.

Le dialogue national est la seule voie pour sortir de l’ornière et éviter le scénario du pire.

– Un diplomate occidental

Pour désamorcer la crise, certains plaident en coulisses pour un partage du pouvoir entre le Frelimo et l’opposition, comme ce fut le cas dans les années 1990 après la guerre civile. Mais Daniel Chapo et Venancio Mondlane campent pour l’instant sur leurs positions, s’accusant mutuellement de vouloir plonger le pays dans le chaos.

Seule issue possible: que les deux camps acceptent un arbitrage international crédible pour vérifier la régularité du scrutin. Des médiations sont en cours, notamment via l’Union Africaine, mais pour l’heure sans résultat. Plus le temps passe et plus les chances d’une sortie pacifique s’amenuisent. Le Mozambique retient son souffle.

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