Les récentes élections au Mozambique, qui se sont déroulées le 9 octobre dernier, sont entachées par de sérieux soupçons de fraudes. Des observateurs de l’Union Européenne déployés sur place ont tiré la sonnette d’alarme en relevant des “altérations injustifiées de résultats” lors du décompte des voix. Ces révélations suscitent de vives tensions dans ce pays d’Afrique australe.
Des irrégularités constatées à plusieurs niveaux
Dans un communiqué publié mardi, la mission d’observation de l’UE a fait état d’irrégularités significatives dans le processus électoral mozambicain :
“La mission a constaté des irrégularités lors du décompte et des altérations injustifiées des résultats des élections du 9 octobre pour désigner le président et le Parlement, au niveau des bureaux de vote et des districts”
Ces anomalies, relevées à plusieurs échelons, jettent une ombre inquiétante sur la transparence et l’intégrité du scrutin. Les observateurs européens expriment ainsi de sérieux doutes quant à la validité des résultats partiels déjà publiés.
L’opposition conteste et appelle à manifester
Face à ces révélations, l’opposition mozambicaine monte au créneau. Le principal opposant, Venancio Mondlane, candidat à la présidentielle sous l’étiquette du parti Podemos, conteste les résultats et revendique la victoire. Il a appelé ses partisans à manifester dans les rues de la capitale Maputo pour dénoncer ce qu’il qualifie de “fraudes électorales massives”.
Lundi, des centaines de manifestants ont ainsi tenté de défiler dans une grande avenue de Maputo avant d’être dispersés par la police. Le contexte est particulièrement tendu depuis l’assassinat ce weekend de deux proches de Venancio Mondlane.
Violences meurtrières et préparation d’un recours
Elvino Dias, l’avocat de l’opposant, et Paulo Guambe, un responsable de Podemos, ont été abattus par balles en plein cœur de la capitale vendredi soir. Selon des sources proches de l’enquête, ils circulaient en voiture lorsque leur véhicule a été bloqué par deux autres. Des hommes armés en sont sortis et ont fait feu, tuant les deux victimes sur le coup.
Elvino Dias était en train de préparer un recours auprès de la Cour constitutionnelle pour contester les résultats du scrutin et dénoncer les irrégularités constatées. Son assassinat et celui de Paulo Guambe font craindre une détérioration de la situation politique et sécuritaire.
La commission électorale tarde à publier les résultats officiels
Alors que les accusations de fraudes se multiplient, la commission électorale mozambicaine n’a toujours pas proclamé les résultats définitifs du scrutin du 9 octobre. Interrogée par la presse, une responsable de l’instance n’a pas été en mesure lundi de préciser la date à laquelle ils seront annoncés.
Légalement, la commission a jusqu’à 15 jours après le vote pour le faire, soit jusqu’à ce mercredi. Mais face aux graves dysfonctionnements relevés et aux critiques de l’opposition, ce délai pourrait ne pas être tenu. Un retard qui ne ferait qu’accentuer la confusion et les suspicions autour de ce scrutin crucial.
La communauté internationale préoccupée
Au-delà de la mission d’observation de l’UE, la communauté internationale suit de près la situation au Mozambique et s’inquiète des dérives constatées. Dans leur communiqué, les observateurs européens ont fermement condamné les assassinats des deux membres de l’opposition :
“Au vu des tensions sociales et des violences liées aux élections, la mission d’observation réitère sa condamnation des meurtres d’Elvino Dias et de Paulo Guambe et appelle au respect des libertés fondamentales et des droits politiques”.
Un message clair envoyé aux autorités mozambicaines, pressées de faire toute la lumière sur ces crimes et de garantir la sécurité de tous les acteurs du processus électoral. L’enjeu est de taille pour ce pays en quête de stabilité après des décennies de guerre civile.
Quel avenir politique pour le Mozambique?
Ces élections présidentielle, législatives et provinciales étaient cruciales pour l’avenir du Mozambique. Elles devaient permettre de consolider le processus de paix et la démocratisation du pays.
Mais les fraudes et violences qui les entachent font désormais peser de lourdes incertitudes. Si les irrégularités dénoncées par les observateurs et l’opposition venaient à être confirmées, c’est la légitimité même du prochain gouvernement qui serait remise en cause.
Dans ce contexte volatil, tous les regards sont désormais tournés vers la commission électorale et la Cour constitutionnelle, dont les décisions seront déterminantes pour la suite des événements. L’opposition maintient sa pression, continuant d’appeler à la mobilisation populaire.
Une chose est sûre : la route vers la stabilité politique et la consolidation démocratique s’annonce encore longue et semée d’embûches pour le Mozambique. Les prochains jours seront décisifs et le monde entier est suspendu au dénouement de cette crise électorale inédite.