Le Japon a connu une petite révolution lors des élections législatives de dimanche. Selon les projections, un nombre record de femmes ont été élues à la chambre basse du Parlement. Mais malgré cette avancée historique, elles restent encore très minoritaires, occupant moins de 16% du total des sièges. Un chiffre qui illustre le long chemin qu’il reste à parcourir vers la parité en politique dans le pays.
73 femmes élues, un record mais une faible représentation
D’après les estimations de la chaîne publique NHK, 73 femmes ont été élues députées dimanche, sur les 465 sièges que compte la chambre basse. C’est un chiffre inédit, en nette hausse par rapport aux précédentes législatives de 2021 où seulement 45 femmes avaient été élues. Le scrutin comptait également un nombre record de candidates selon les médias locaux, avec 314 femmes en lice, soit 23% du total.
Mais malgré ces progrès, la parité est encore très loin. Même avec ce nombre record, les femmes ne représentent que 15,7% des députés élus. Un pourcentage qui place le Japon très en retard par rapport à de nombreux autres pays développés en matière d’égalité femmes-hommes en politique.
Le Japon à la traîne sur l’égalité
Plus globalement, le Japon est en proie à de fortes inégalités de genre, aussi bien en politique que dans les postes de direction en entreprise. Selon le dernier rapport du Forum économique mondial sur les inégalités femmes-hommes, le pays n’est classé qu’à la 118e place sur 146.
L’écart salarial entre les sexes est particulièrement marqué. Et la sphère politique n’échappe pas à la règle. Le gouvernement du Premier ministre Shigeru Ishiba, dont le parti a subi une sévère défaite dimanche, ne comprend que deux femmes sur ses 20 membres.
De nombreuses femmes s’occupent également des tâches domestiques, et il est difficile de faire carrière dans la politique tout en s’occupant de sa famille.
Momoko Nojo, directrice de No Youth No Japan
Des obstacles culturels et structurels
Pourquoi si peu de femmes en politique au Japon ? Les raisons sont multiples. Selon Momoko Nojo, directrice de l’organisation No Youth No Japan, «les partis politiques, dominés par les hommes, ne sont pas ouverts d’esprit, il est donc difficile de trouver des candidates». La répartition traditionnelle des rôles pèse aussi lourd.
Un autre obstacle de taille : le harcèlement. Dans une étude du gouvernement japonais en 2021, un quart des femmes candidates à des élections déclaraient en avoir été victimes durant leur campagne. Autant de freins qui découragent de nombreuses vocations.
Des objectifs de parité encore lointains
Le gouvernement s’est toutefois fixé des objectifs pour féminiser la vie politique. Il vise 35% de candidates aux législatives d’ici 2025, contre 18% en 2017. Mais au vu des chiffres de dimanche, cela semble encore très ambitieux.
Pour atteindre une réelle parité à la chambre basse, il faudrait que les femmes occupent environ 233 sièges, soit plus du triple de leur nombre actuel. Un objectif qui nécessitera de profonds changements culturels et structurels dans la société japonaise. Le chemin vers l’égalité en politique est encore long, mais ce scrutin marque malgré tout une étape importante.