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Élections au Guyana : Pluralisme et Avantage du Pouvoir

Les élections au Guyana promettent un avenir pétrolier florissant, mais le parti au pouvoir a-t-il faussé la donne ? Les résultats tant attendus arrivent jeudi...

Imaginez un petit pays d’Amérique du Sud, niché entre jungle luxuriante et côtes atlantiques, où les urnes vibrent d’espoir et de tensions. Le Guyana, avec ses immenses réserves pétrolières, a tenu ses élections générales le 1er septembre 2025, un scrutin qui pourrait redessiner son avenir. Mais derrière le calme apparent du vote, une question persiste : le parti au pouvoir a-t-il joué avec un avantage déloyal ?

Un scrutin sous haute tension pétrolière

Le Guyana, souvent méconnu sur la scène internationale, est aujourd’hui sous les projecteurs grâce à ses réserves pétrolières, les plus importantes par habitant au monde. Depuis le début de l’exploitation en 2019, le pays connaît une croissance économique fulgurante, avec un taux de 43,6 % en 2024, le plus élevé d’Amérique latine. Ces élections, combinant présidentielles, législatives et régionales, détermineront qui gérera cette manne dans les cinq prochaines années.

Le scrutin s’est déroulé dans un climat apaisé, sans incident majeur rapporté. Pourtant, l’attente des résultats, promise pour le jeudi suivant, suscite des inquiétudes. Pourquoi ce délai ? Certains observateurs, comme ceux de Transparency International, y voient un risque de défiance envers le processus électoral.

Un pluralisme teinté d’inégalités

La mission d’observation de l’Union européenne, dirigée par le député polonais Robert Biedron, a salué le caractère pluraliste de ces élections. Les libertés fondamentales, telles que la liberté d’expression et de réunion, ont été largement respectées durant la campagne. Cependant, le rapport préliminaire pointe un déséquilibre flagrant.

« Le vote s’est déroulé dans le calme, mais avec un avantage indu pour le parti au pouvoir. »

Robert Biedron, chef de la mission d’observation de l’UE

Ce déséquilibre s’explique par l’utilisation stratégique des ressources de l’État. Le président sortant, Irfaan Ali, et son administration ont multiplié les inaugurations de projets publics : hôpitaux, routes, postes de police, services de transport. Ces initiatives, bien que bénéfiques, ont servi de vitrine électorale, renforçant l’image du Parti populaire progressiste (PPP/C) au détriment de ses adversaires.

Une polarisation politique marquée

Le climat politique au Guyana est profondément divisé. Cette polarisation affecte directement la confiance envers la commission électorale, dont les décisions sont souvent perçues comme influencées par des rivalités partisanes. Malgré une organisation efficace du scrutin, ces tensions internes fragilisent la crédibilité du processus.

Les principaux acteurs en lice illustrent cette fracture. D’un côté, Irfaan Ali, leader du PPP/C, un parti de centre-gauche qui domine la scène politique. De l’autre, Aubrey Norton, chef de l’APNU (Partenariat pour une nouvelle unité), incarne une opposition de gauche déterminée. Enfin, Azruddin Mohamed, surnommé le « Trump guyanien« , apporte une touche de nouveauté avec son parti WIN, porté par son statut de milliardaire et son discours populiste.

L’enjeu pétrolier : un avenir en or ?

Le pétrole est au cœur de ces élections. Avec une production actuelle de 650 000 barils par jour, le Guyana ambitionne d’atteindre le million d’ici 2030. Cette richesse transforme le pays, mais soulève aussi des questions cruciales : qui contrôlera ces ressources ? Comment seront-elles redistribuées ?

Chiffres clés du boom pétrolier :

  • Réserves : Les plus grandes par habitant au monde.
  • Production actuelle : 650 000 barils/jour.
  • Objectif 2030 : 1 million de barils/jour.
  • Croissance 2024 : 43,6 %, la plus forte d’Amérique latine.

Cette abondance attire les regards internationaux, mais elle exacerbe aussi les tensions internes. Les électeurs espèrent que leur prochain dirigeant saura transformer cette manne en progrès tangible : éducation, infrastructures, santé. Pourtant, les observateurs craignent que la polarisation et les avantages du pouvoir en place ne compromettent une gestion équitable.

Des résultats attendus avec impatience

Alors que les résultats officiels se font attendre, les spéculations vont bon train. Selon certaines sources, Irfaan Ali pourrait obtenir une majorité absolue au Parlement, consolidant ainsi son emprise sur le pays. Mais cette attente prolongée inquiète. Mike Singh, de Transparency International, a averti que ce délai pourrait semer le doute et fragiliser la confiance dans le système.

« Attendre jusqu’à jeudi pour les résultats est une recette pour un désastre. »

Mike Singh, chef de la mission de Transparency International

Cette lenteur contraste avec l’efficacité logistique du scrutin. Les bureaux de vote ont fonctionné sans accroc, et les observateurs internationaux ont noté une organisation bien rodée. Mais dans un pays où la politique est un terrain miné, chaque jour d’attente alimente les suspicions.

Les défis d’un géant pétrolier émergent

Le Guyana se trouve à un carrefour. Sa richesse pétrolière offre des opportunités immenses, mais elle exige une gouvernance transparente et équitable. Les élections de 2025 ne sont pas seulement un choix de dirigeant ; elles détermineront si le pays peut surmonter ses divisions pour bâtir un avenir prospère.

Les observateurs européens insistent sur la nécessité de réformes. Renforcer l’indépendance de la commission électorale, limiter l’usage des ressources publiques à des fins électorales, et encourager un débat politique moins polarisé sont des priorités. Sans ces changements, le Guyana risque de voir ses richesses accentuer les inégalités plutôt que de les réduire.

Défi Solution proposée
Polarisation politique Dialogue interpartis et transparence
Avantage du pouvoir Régulation des ressources publiques
Confiance électorale Indépendance de la commission

Un avenir à construire

Les élections de 2025 marquent un tournant pour le Guyana. Alors que le pays s’apprête à devenir un géant pétrolier, les choix faits aujourd’hui façonneront son avenir pour des décennies. Les électeurs, conscients de cet enjeu, attendent des résultats qui reflètent leur volonté, mais aussi des dirigeants capables de transformer la richesse en progrès durable.

Le pluralisme affiché lors du scrutin est un pas positif, mais l’ombre de l’avantage du pouvoir plane. La communauté internationale, attentive, espère que le Guyana saura tirer parti de ses ressources tout en consolidant sa démocratie. Les jours à venir, avec l’annonce des résultats, seront cruciaux pour mesurer l’ampleur de cet engagement.

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